Même s'il ne prendra pas part au scrutin du 10 mai prochain, le RCD ne s'emploie pas moins à peser de tout son poids sur le cours des évènements. Le la a été donné vendredi par le tout nouveau président, Mohcine Belabbas, à l'occasion de la tenue du conseil national du parti à Alger. Instruction est donnée aux militants de “se mobiliser pour réussir l'opération du boycott des élections par la majorité des électeurs”. “Les assemblées générales des militants, en invitant à chaque fois le maximum de sympathisants, et les rencontres avec les élus doivent être multipliées. Les cadres du Rassemblement doivent expliquer, autant de fois que cela s'avère nécessaire, les raisons du boycott et pourquoi ces élections sont dangereuses pour le pays. Il s'agit de marteler au quotidien, par une présence massive sur le terrain (villages, quartiers, marchés, cafés, salons de coiffure, lieux de travail, stades et tout lieu de rencontre ou de regroupement), les arguments qui font que le boycott est une action citoyenne qui ouvre un chemin d'espoir pour l'Algérie”, a-t-il martelé. Hier samedi, pourtant jour de repos, le siège du parti est animé. Il y avait du monde et beaucoup de responsables du parti (Mohcine Belabbas, Rabah Boucetta, Réda Boudraâ, Nadir Hamouche, Boubekeur Derguini…) étaient là. Un militant était en train d'envoyer les résolutions du conseil national du parti aux bureaux régionaux. Le nouveau président a d'abord tenu une réunion organique de plus de trois heures avant de nous recevoir dans son bureau. Il a d'abord parlé d'un groupe de militants qui, la matinée, ont investi la rue à Alger pour distribuer à la population l'appel au boycott des législatives lancé par le parti. Comme il fallait s'y attendre, la police les en a empêchés. “Douze de nos militants ont été arrêtés par la police aujourd'hui à Alger en train de distribuer notre appel au boycott. Ils étaient embarqués vers les commissariats avant d'être acheminés vers les hôpitaux pour qu'il leur soit délivré des certificats médicaux comme quoi ils ne sont pas tabassés”, confie M. Belabbas avant qu'il ne soit entrecoupé par Réda Boudraâ, secrétaire national aux élus, qui vient de s'y introduire pour annoncer : “Un de nos militants a été blessé au visage.” Que pense M. Belabbas de l'empêchement de ses militants de distribuer l'appel du parti ? “C'est illégal, d'autant plus qu'on est en période électorale. Cela confirme qu'on est dans une pluralité de façade puisqu'on ne laisse pas un parti légal activer normalement”, répond- il. Autre preuve qui trahit la volonté des autorités de ne pas laisser le RCD mener normalement sa campagne : la direction du parti n'a pas reçu à ce jour une réponse au sujet de ses demandes introduites dans plusieurs wilayas pour l'acquisition de salles. N'empêche, plusieurs conférences seront animées par des cadres du parti dans plusieurs wilayas du centre du pays. De plus, la direction du parti a envoyé l'appel du parti au boycott, les résolutions du conseil national et l'allocution du nouveau président à tous les bureaux régionaux. Instruction leur est aussi donnée de joindre les sympathisants du parti à leurs réunions. Mais avant même la tenue du conseil national, les cadres du parti ne rataient aucune occasion pour mener campagne en faveur du boycott. Jeudi, un cadre du RCD-France a profité de son passage sur berbère TV pour appeler au boycott. Idem pour Boubekeur Derguini, secrétaire national chargé des relations avec les institutions, qui, à l'occasion d'une conférence animée le 10 avril à l'université de Béjaïa, a, lui aussi, appelé les étudiants à bouder le prochain scrutin. “Au RCD, nous privilégions les rencontres de proximité. C'est plus efficace”, conclut M. Belabbas. A C