« L'injustice révoltante » est ce qui a guidé Pierre et Claudine Chaulet. C'est ce qui les a poussés à agir, à travailler dès le début dans le cadre du FLN, et à faire le choix de l'Algérie. Le forum El Moudjahid a accueilli, aujourd'hui à 10 heures, le couple Pierre et Claudine Chaulet, à l'occasion de la parution, le 19 mars dernier, de leur ouvrage, « Le Choix de l'Algérie, deux voix, une mémoire » (éditions Barzakh), et ce dans le cadre d'un hommage co-organisé par l'association Machaal Echahid, l'APC d'Alger-Centre et le quotidien El Moudjahid -pour lequel Pierre avait travaillé à partir de l'année 1957 suite à son expulsion par le ministre résident, Robert Lacoste. En présence de personnalités nationales, notamment Réda Malek -le préfacier de leur ouvrage-, Belaïd Abdesslam, Mohamed Seghir Babes, Meriem Belmihoub-Zerdani, Karim Younes, et d'autres compagnons de deux moudjahidines, l'historien Mohamed Abbes, a exposé dans sa communication les raisons qui ont poussé Pierre à s'engager, puis à épouser la cause algérienne. Selon lui, une série de « chocs » relatifs à l'injustice coloniale ont conduit Pierre, qui a grandi dans une ambiance de christianisme social, « à entreprendre un certain nombre d'initiatives ». Réda Malek a considéré, pour sa part, l'hommage d'El Moudjahid comme « mérité » : « C'est un hommage qui nous oblige, qui oblige tous les combattants algériens ». Et de rappeler que Pierre et Claudine Chaulet sont « un symbole de la révolution algérienne, un témoignage vivant de sa grandeur ; la grandeur du peuple algérien et de l'écho retentissant dont jouit la révolution algérienne. » Le préfacier ajoutera que « l'algérianité d'un couple de souche française qui est devenu algérien n'est pas le résultat d'un hasard ou d'un caprice. Cette algérianité est le fruit d'une décision totalement réfléchie et rationnelle. Elle est le fruit d'un engagement révolutionnaire pour la cause de notre pays.» Doté d'une mémoire à toute épreuve, Réda Malek signalera à l'assistance que « l'injustice révoltante » ainsi que « leur attachement à des principes moraux et éthiques, tels l'amour de la justice, le refus de l'oppression, de l'arrogance et de la marginalisation » sont les facteurs qui ont poussé le couple à agir. Meriem Belmihoub-Zerdani a également pris la parole pour rendre hommage au couple et à la famille Chaulet, notamment à Anne-Marie Chaulet (épouse de Salah Louanchi) qu'elle avait rencontrée à la prison Barberousse (actuelle prison Serkadji). Mme Belmihoub-Zerdani affirmera qu'il n'y avait, pour eux, aucune différence dans la vision de l'Algérie (« même drapeau, même cause ») : « Nous étions d'accord sur les principes de la déclaration du 1er novembre 1954. » Les organisateurs de l'hommage ont honorés par la suite Pierre et Claudine Chaulet, tout en les drapant de deux burnous blancs. Largement émus, Claudine adressera brièvement ses remerciements, et Pierre dira : « Il ne faut pas oublier les millions d'anonymes. Nous avons cru à l'appel du premier novembre. Dans cette période de révisionnisme et de confusionnisme, je voudrais dire aux nouvelles générations pour lesquels nous sommes les français du FLN ou les harkis du FLN, que nous sommes des algériens à part entière. Nous sommes différents et c'est ce qui fait la richesse d'une nation. » S.K