En l'absence d'un registre national, il est difficile d'évaluer la prévalence exacte de l'insuffisance rénale chez l'enfant. Les spécialistes avancent toutefois quelques chiffres. Selon eux, près de 300 enfants de moins de 15 ans ont été traités par hémodialyse ou dialyse péritonéale en 2001. Une cinquantaine d'enfants vivent avec un greffon rénal. La moitié d'entre eux ont été transplantés en Algérie à partir de 2007. Ces données établies par les services spécialisés font également état de 200 nouveaux cas par an, d'enfants au stade terminal de cette maladie. Le service de néphrologie du CHU Hussein Dey accueille 40 cas annuellement. La transplantation rénale chez l'enfant n'est réalisée de façon régulière que dans ce service à un rythme en moyenne d'une douzaine de greffes par an. Quant à l'hémodialyse chronique pour enfants, elle n'est proposée que dans seulement 4 structures : 2 à Oran 1 à Constantine et 1 à Alger. Selon le professeur Haddoum, chef de service néphrologie du CHU Hussein-Dey et président de la Société algérienne de néphrologie, “la transplantation rénale est actuellement le meilleur traitement possible pour soigner les enfants atteints d'une insuffisance rénale chronique terminale et mettre un terme à leur calvaire en dialyse chronique (dialyse péritonéale ou hémodialyse). Le traitement idéal reste, naturellement, la prévention de la maladie rénale chronique de l'enfant. Pour ce faire, le dépistage précoce, le diagnostic précis des affections rénales infantiles et les mesures thérapeutiques appropriées pour éviter l'évolution fâcheuse vers le stade terminal (ou beaucoup mieux guérir l'enfant !), passe par la nécessite de la mise en place d'un programme national de prévention et de lutte contre les maladies rénales chroniques de l'enfant”. Les spécialistes peuvent énumérer jusqu'à une centaine d'affections qui peuvent mener les enfants à la dialyse, que l'on peut regrouper en les malformations congénitales de l'appareil urinaire ou uropathies malformatives, les néphropathies héréditaires ou familiales et enfin les glomérulonéphrites chroniques acquises. Chacune d'entre elles représente un tiers des causes. S'agissant des obstacles à la dialyse et à la transplantation rénale chez l'enfant, le professeur Farid Haddoum cite en premier la contrainte du poids. Il explique : “La transplantation rénale n'est réalisable qu'à partir de 8 kg dans des centres de très haut niveau de soins . En règle générale, la greffe rénale est envisagée à partir de 15 kg. Pour les enfants de petit poids, la seule méthode possible est la dialyse péritonéale que l'on peut réaliser même chez des nouveau-nés. Le traitement par hémodialyse est envisageable à partir de 12 kg par certains centres hautement spécialisés. En règle générale, le traitement par hémodialyse est débuté pour des poids supérieurs à 20 kg. Le personnel médical et surtout paramédical doit être hautement qualifié.” En effet, les enfants présentent plusieurs particularités, parmi elles, notre interlocuteur cite le soutien et la participation active des parents, la diététique, les problèmes psychologiques, la croissance psychomotrice, la scolarisation, les éventuelles malformations associées, la prise régulière des médicaments. “À partir de 15 kg, il y a très peu d'obstacles médicaux ou chirurgicaux à la transplantation rénale. Le rein peut provenir du père ou de la mère qui sont semi-identiques sur le plan de l'histocompatibilité. Les parents sont d'excellents donneurs. Dans les pays qui pratiquent en routine la greffe à partir de reins de cadavres, les enfants sont sur une liste d'attente prioritaire.” Pour ce qui est des taux de réussite de la transplantation rénale chez l'enfant, le président de la Société algérienne de néphrologie affirme qu'ils “sont meilleurs que ceux de l'adulte, en particulier lorsqu'il s'agit d'un rein provenant d'un donneur vivant apparenté. La survie du greffon rénal est voisine de 98% la première année, et celle de l'enfant est de 100%. La qualité de vie, le développement psychomoteur, la réinsertion scolaire, la croissance staturo-pondérale sont très largement supérieurs après transplantation rénale lorsque l'on compare avec les résultats obtenus en dialyse”. N H