RESUME : Houria dépense toutes ses économies en taxi. Elle surveille sa belle-fille, espérant prouver qu'elle est infidèle. Elle finit par confier "la filature" au fils d'une amie. Madjid ne découvre rien. Plusieurs semaines de surveillance pour rien. Ibtissem se consacre à son travail sans plus. Houria insiste pour qu'il poursuive ses investigations. Elle l'ignore mais il aurait continué. Il s'intéresse à elle… “Non, je ne suis pas en train de tomber amoureux d'elle”, se dit Madjid à chaque fois que lui prend l'envie de regarder sa photographie qu'il avait agrandie une semaine plus tôt. “C'est vrai qu'elle est belle, très belle, énergique et intelligente… Mais je ne peux pas trahir ma femme… Samia ne le mérite pas… Elle est si bonne avec moi et mes enfants… Non, je ne dois pas…” Madjid avait beau se résonner, il ne peut plus s'écouter. Même s'il n'a plus rien à apprendre d'Ibtissem, il ne peut se retenir de la suivre chaque jour, rien que par plaisir. Une autre envie lui a pris dernièrement, celle de l'approcher et de lui parler. Il veut la connaître, pouvoir la regarder dans les yeux et tout lui dire... enfin, qu'elle lui plait… Un soupir lui échappe en se rappelant qu'elle est mariée, tout comme lui. Si seulement, ils étaient libres. Il ne peut s'empêcher d'imaginer l'autre vie qu'il aurait eue avec elle. “Pas de chance …” Pensif, il ne remarque pas qu'une cliente vient d'entrer à la pharmacie. Il regarde encore la photo d'Ibtissem. Ses pensées sont toutes à elle. Ses employés ont bien vu que Madjid n'est plus lui-même, qu'il est souvent absent, même présent devant eux. Ils croient qu'il a des problèmes personnels. Et c'en est un, dans le fond. - S'il vous plait ! Madjid sursaute en levant la tête pour voir qui lui parle. Il est bien surpris. Est-ce un tour de son imagination ? Pour s'en convaincre, il se pince la cuisse. Non, il ne rêve pas, et c'est encore moins un tour de son imagination. Elle ne disparaît pas. Ibtissem est toujours là. Elle commence même à s'impatienter. Les lèvres pincées, le regard franc, elle attend. Madjid voit bien qu'elle n'a pas d'ordonnance. Elle ne veut pas un renseignement. Elle est venue pour lui. Se pourrait-il qu'elle l'ait remarqué et suivi jusqu'à la pharmacie ? C'est fort possible. Un sourire éclaire son visage. Pour lui, sa visite est un signe du destin. Quand il tentait de se raisonner, c'était pour renoncer à ce rêve impossible. Parce qu'il est marié, père de deux garçons qui ont eu des difficultés à se remettre de la mort de leur mère et à accepter qu'il se remarie, quelques mois après, avec une cousine éloignée. Sa famille ne mérite pas d'être déçue, mais son cœur s'y refuse. Il regrette maintenant de s'être marié. Il aurait dû attendre. Il aurait pris Ibtissem pour femme. La vie lui aurait paru moins triste. - Oui madame ? - Auriez-vous un petit moment ? demande-t-elle en le regardant dans les yeux. - Heu… oui … Oui, bredouille Madjid, maintenant ? - Oui, maintenant… Pour ne pas être écoutés par ses employés, il l'invite à faire quelques pas. Ibtissem ne refuse pas. Dès qu'ils sont dans la rue, elle l'interroge fermement. À la vue de ses poings fermés, il pense qu'elle doit faire un effort sur elle-même, pour ne pas le frapper. Ainsi, elle sait tout. Comme il a pu être bête et avoir un comportement bien bas ; tout ça pour faire plaisir à une vieille grincheuse. Mais il lui en est reconnaissant. Sans elle, il n'aurait jamais imaginé qu'une femme aussi belle puisse exister ! - Je veux tout savoir ! Ce qui vous a motivé durant toutes ces semaines… Et pourquoi ma belle-mère vous voit chaque fois à dix-huit heures. Est-ce elle qui vous a demandé de me suivre ? Madjid ne peut pas le lui cacher. Il s'en veut. Il n'aurait jamais dû la suivre mais il est heureux de la connaître. Son rêve s'est enfin réalisé. Ils se connaissent et se parlent. Si seulement… - Qu'est-ce qui vous prend à me regarder comme ça ? Madjid a le regard si rêveur, si brillant qu'Ibtissem en a rougi de colère. Mais elle s'efforce de ne pas laisser sa colère éclater. Elle sent qu'il ne lui a pas tout dit. - C'est tout ce que voulait ma belle-mère ? - Non… Ecoutez, j'ai un rendez-vous important, s'excuse Madjid. Si vous voulez, on se revoie demain et je vous apprendrais le reste… Ibtissem ne peut pas refuser. D'ailleurs elle aussi doit retourner à son travail. Demain elle en saura un peu plus sur ce que voulait sa belle-mère. Mais déjà, elle en avait une petite idée ! (À suivre) A. K. Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus : [email protected]