Pris en sandwich par la foule compacte, Abou Djerra Soltani (MSP), Hamlaoui Akouchi (Islah) et Fateh Rebaïa (Ennahda), protégés par la garde rapprochée de l'ex-ministre d'Etat (Abou Djerra) durant cette campagne, ont été sommés de quitter les lieux dans un climat de cacophonie générale. Après avoir réussi à faire le plein des salles de meeting dans les wilayas de Tébessa, Biskra, Oued-Souf ou encore Laghouat et Djelfa, l'Alliance de l'Algérie a vu plutôt… rouge (sans jeu de mots), hier à K'sar El-Boukhari (Médéa), où ses représentants ont été accueillis pas des “dégage !”. Arrivée vers 10 heures au centre-ville de cette grande commune de Médéa, dont le candidat tête de liste des “verts” n'est autre que Fateh Rebaïa (Ennahda), un enfant de la région, la délégation escortée sera, en effet, huée par une foule de citoyens. “Faqou…” (nous sommes conscients) est le maître-mot scandé à vive voix par les présents, priant les chefs de l'Alliance d'aller voir ailleurs… Ici, les gens se disent favorables à une “Algérie rouge” et non à la “verte”, préférée d'Abou Djerra Soltani et de ses deux alliés. “Nous, nous sommes pour une Algérie rouge !” a répliqué, coléreux, un jeune au président de l'Alliance qui tentait, au mégaphone, de calmer la foule. Et la foule, surexcitée, de reprendre en chœur le slogan en vogue : “Dégage, dégage !” Des piques lancées aux trois chefs islamistes fusaient alors de partout : “Allez-vous-en, nous vous connaissons un par un. Vous tentez de nous duper en utilisant l'islam alors que vos pratiques dépassent celles du diable. Vous irez tous en enfer !” s'est écrié un jeune, la trentaine environ, rappelant notamment le passé d'Abou Djerra qui fut ministre, “mais qui n'a rien apporté à la population”. “Hamas est mort depuis longtemps (…)”, a enchaîné le même citoyen, pour qui “les islamistes sont de vrais faussaires”. Toutefois, les chefs de l'Alliance n'allaient pas pour autant perdre leur sang-froid. Ils n'ignorent certainement pas les “aléas” de la campagne électorale. Pris en sandwich par la foule compacte progressivement grandissante, Abou Djerra Soltani (MSP), Hamlaoui Akouchi (Islah) et Fateh Rebaïa (Ennahda), protégés par leur garde rapprochée de l'ex-ministre d'Etat (Abou Djerra) durant cette campagne, ont été ainsi sommés de quitter les lieux dans un climat de cacophonie générale. La réaction des leaders de l'Alliance verte n'interviendra que plus tard, à l'occasion de leur meeting tenu dans la ville limitrophe de Berrouaghia, relevant de la même wilaya. S'exprimant cette fois-ci dans une salle archicomble, les “frères” alliés accuseront leurs détracteurs d'être “manipulés” par d'autres partis politiques. À ce titre, Hamlaoui Akouchi invite “ces gens” (les manipulateurs) à être des hommes et montrer leur face”. Dans l'après-midi de la même journée, les “Verts” évolueront encore plus à l'aise lors d'un deuxième meeting populaire, tenu à Blida, ville natale du défunt président et membre-fondateur de l'ex-HMS. “Ne vous suicidez pas, ne vous immolez pas, on réglera tous vos problèmes” Visiblement satisfaits de leur popularité dans d'autres fiefs des islamistes, les leaders de l'Alliance de l'Algérie verte ne ratent, par ailleurs, aucune occasion pour titiller encore davantage l'électorat. À la menace de suicide exprimée par un citoyen en détresse, lors du meeting tenu avant-hier au centre islamique de la ville de Laghouat, Abou Djerra Soltani y trouvera, en effet, une aubaine inouïe pour courtiser cette frange désespérée de la société. “Ne vous suicidez pas, ne vous immolez pas et on réglera tous vos problèmes ; vous aurez tous de l'emploi et du logement (…)”, a promis Abou Djerra Soltani, non sans exprimer le soutien de l'Alliance verte à ces Algériens de plus en plus nombreux à recourir à cet acte ultime, à défaut de la harga, pour en finir avec leurs souffrances quotidiennes. L'ex-enseignant en sciences islamiques rappelle, versets coraniques à l'appui, que l'acte de suicide est religieusement considéré comme l'un des grands péchés. Prêchant devant une foule constituée en partie de femmes voilées, il expliquera à propos que “l'âme de l'humain appartient à Dieu et non pas à la créature”. D'où la logique, déduit-il, que dans les situations les plus compliquées, un musulman se doit de s'en remettre à Dieu. L'ex-membre de l'alliance présidentielle n'ignore pas pour autant que le quotidien de l'Algérien reste encore très loin d'être parfait. F. A .