“Si le Coran était révélé en langue amazighe, on n'aurait peut-être jamais revendiqué la langue arabe. L'amazighité est pour nous une langue nationale et une identité”, soutient Abou Djerra Soltani, rectifiant ainsi le tir de l'Alliance de l'Algérie verte. L'Alliance de l'Algérie verte regroupant les trois partis islamistes, le MSP, Ennahda et El-Islah, ne jure que par “l'islam comme religion de l'Etat et l'arabe comme langue nationale et officielle”. Est-ce là une manière préméditée par le triumvirat islamiste, lui qui présente désormais son “programme d'Etat et non pas celui de campagne électorale seulement”, pour ignorer habilement l'autre constante de l'identité nationale tout aussi indéniable qu'est l'amazighité ? À voir les propositions pour la révision de la Constitution, contenues dans son programme écrit et parvenu à notre rédaction il y a trois jours (voire notre édition d'hier), la position de l'Alliance verte est claire comme l'eau de roche. Loin d'évoquer l'officialisation de la langue amazighe, une revendication populaire et exigence de la démocratie, les Verts comptent maintenir sans changement l'article 178 de la Constitution qui énonce les principes “immuables” parmi lesquels ne figure pas tamazight. C'est l'article 3 bis qui confère le statut de langue nationale à tamazight. Si l'Alliance n'évoque pas, à présent, la suppression de cet article précis, quelle place réserve-t-elle, dans son programme, à tamazight ? “Pour nous, l'amazighité restera une constante nationale. Elle représente avant tout la langue de nos origines, sachant que l'arabe n'est pas la langue de notre race. Mais l'arabe est la langue du Coran, donc de notre religion, d'où notre attachement logique à cette langue. Si le Coran était révélé en langue amazighe, on n'aurait peut-être jamais revendiqué la langue arabe. L'amazighité est pour nous une langue nationale et une identité. Et nous sommes fiers de notre appartenance à cette identité, d'où nous allons œuvrer à la promouvoir et l'intégrer dans le développement national”, a tenté de rectifier, hier en conférence de presse, Abou Djerra Soltani, président de l'Alliance de l'Algérie verte. Mais, l'ancien ministre d'Etat et président du même MSP dont les députés avaient, rappelons-le, voté, en 2002, pour la reconnaissance de tamazight en tant que langue nationale, n'a à aucun moment usé du mot officialisation. Lors de cette conférence conjointe, animée au siège du MSP et dont l'objectif était l'évaluation de la première phase de leur campagne électorale, les “frères” de l'Algérie verte affichent, désormais, un optimiste béat concernant leurs chances de rafler la mise lors du scrutin du 10 mai prochain. “Oui, nous sommes presque sûrs de réaliser un résultat très positif”, a déclaré, en substance, Fateh Rebaïe, président d'Ennahda, allant jusqu'à utiliser l'expression “marée verte” pour qualifier la “réussite” de la première semaine de campagne électorale, menée par l'Alliance dans 17 wilayas. Pour les chefs de l'Alliance, seule “la fraude” pourrait réduire ses chances de remporter la majorité au futur Parlement. “Aujourd'hui, tous les indices nous font dire que nous allons réaliser un résultat très positif en effet. Seule la fraude peut nous stopper. Oui, désormais, c'est notre seul concurrent !” avertit à son tour Abou Djerra Soltani qui cite, en exemple, l'“exploit” du ministre des Travaux publics, Amar Ghoul (MSP), candidat tête de liste à Alger. Le président du MSP ne manque pas de l'annoncer, d'ores et déjà, comme potentiel futur Premier ministre. Les chefs de l'Alliance verte n'ont pas manqué, à cette occasion, de dénoncer ce qu'ils qualifient de “politique des deux poids, deux mesures” appliquée, selon eux, par l'ENTV lors de sa couverture de leurs activités de campagne. “Qu'ils nous couvrent correctement ou qu'ils nous zappent carrément”, a déclaré Soltani, déplorant au passage que les activités ministérielles devancent les législatives aux JT de 20 heures. F A