Le dernier discours du président Bouteflika, annonçant des réformes politiques, ne cesse d'animer la scène nationale. Depuis, les acteurs politiques se succèdent en effet pour en faire leur lecture. Hier, c'était au tour d'Abou Djerra Soltani de revenir à la charge, l'intervalle d'une conférence de presse, pour faire part de ses appréhensions, ses réserves, mais aussi et surtout ses recommandations dans l'objectif de définir les “priorités” des réformes annoncées, puis leur concrétisation de manière à répondre aux aspirations du peuple. Parmi ses propositions, le président du Mouvement pour la société (MSP) appelle, notamment, à la dissolution de la Chambre haute du Parlement, le Sénat, tout en se disant favorable à l'instauration du système parlementaire comme système de gouvernance. “Désormais, le Sénat ne doit plus exister. Cette institution a été créée dans une situation confuse, une conjoncture. Aujourd'hui, on ne vit plus la même conjoncture. D'où mon appel à sa dissolution, et l'instauration du système parlementaire avec une seule Chambre (basse)”, a martelé Soltani. Soutenant, par ailleurs, que le discours du Président “n'est pas du goût du peuple qui, lui, revendique du concret”, Soltani le qualifie (discours), de ce fait, de “matière brute et grâce”. Manière pour lui de dire que ce discours manque de clarté et de persévérance, tant que le Président ne fixe pas de calendrier précis, et pas même la nature des réformes annoncées. Ce qui, selon lui, rend d'ailleurs légitime la divergence des acteurs politiques dans leur lecture de ce discours. “Il est naturel que les réactions divergent, ce discours n'étant pas clair (…).” Dans son discours non moins confus que celui du Président, de son avis même, Abou Djerra rectifia, toutefois, le tir : “On ne dit pas que le discours du Président n'est pas convaincant, sinon il manque de clarté ; il ne se fixe pas de calendrier, ni les priorités des réformes annoncées.” En ce sens que le leader du MSP entend accélérer le processus de mise en œuvre de ces réformes. “Moi, je propose de mettre en application, une fois les priorités définies, les réformes annoncées dès le 1er mai prochain, et asseoir définitivement d'ici décembre 2011.” Et Abou Djerra de renchérir par sa propre formule : “Passer du cadre de la glorification à celui de la concrétisation.” Afin de bien mener le processus des réformes, le président du MSP ne manque pas l'occasion d'exhorter le chef de l'Etat à “orienter et surveiller par lui-même” la mise en application de (ses) réformes. Soltani ne cache pas ainsi ses appréhensions d'éventuels “écueils” susceptibles de remettre en cause l'application efficiente de ces réformes, qui pourraient être dressées par certains cercles vraisemblablement pas crédibles à ses yeux. Pour Soltani, seul le Président est crédible à se porter garant sur cette question. Si le message de Soltani ne peut être dissimulé, il n'en reste pas moins ambitieux d'instaurer un partenariat politique avec ses alliés incontournables de l'Alliance présidentielle. “Oui ! Nous n'avons à aucun moment renoncer à notre idée de transformer l'Alliance présidentielle en partenariat politique. À présent, nous ne songeons pas le faire (partenariat) avec d'autres partis, sachant que nous ne sommes pas divorcés de l'Alliance présidentielle.” Voilà la sentence choisie par Abou Djerra comme pour répondre à la diatribe du triumvirat. La révision de la Constitution annoncée par Bouteflika ne préoccupe pas moins le leader du MSP pour suggérer de confier cette question sensible à une commission “sélective” et composée de “compétences avérées”. Autrement dit, des personnes spécialisées, des constitutionalistes. Autres propositions du MSP, celles se rapportant à l'ouverture du champ audiovisuel, la participation de la classe politique, toutes obédiences confondues, ou encore l'ouverture d'un large débat national sur les réformes annoncées. Pour Abou Djerra, il est plus que jamais temps d'opter pour plus d'ouverture, de transparence et de démocratie dans la gestion des affaires du pays, tant que, juge-t-il, l'Algérie ne peut faire l'“exception” en ces temps de révoltes populaires qui font bruire la rue dans plusieurs pays.