La campagne pour les élections législatives du 10 mai en Algérie a commencé le 15 avril. Dans un délai de 21 jours, 44 partis politiques algériens, dont 21 nouvellement agréés, sont engagés dans la course à la députation pour les 462 sièges que compte la nouvelle Assemblée populaire nationale (APN). Mais pour y arriver, il faut convaincre. Et pour convaincre, il faut réussir la campagne qui nécessite inévitablement un financement conséquent. Si certains partis avouent devoir compter sur les cotisations des adhérents et autres participations des sympathisants, d'autres, en revanche, font appel à l'aide de l'Etat. Le Parti des travailleurs (PT), lui, se dit contre le financement des partis par l'Etat. Selon Ramdane Tazibt, membre dirigeant du parti, “pour avoir une autonomie, il faut l'indépendance financière”, ajoutant que celui qui finance contrôle. “C'est du donnant donnant.” Concernant le financement de la campagne du PT, Ramdane Tazibt explique que son parti existe depuis 1990, et a des traditions de campagne. “Nous avons des milliers de partisans et nous sommes proches des masses”, indique-t-il. Le Parti des travailleurs compte donc pour le financement de sa campagne sur les cotisations de ses militants, les indemnités de ses parlementaires et des campagnes financières ponctuelles sous formes de souscriptions chez le large publique. M. Tazibt avoue que la campagne ne se finance pas facilement. Il citera par exemple les difficultés dans les déplacements. Pour animer le meeting de Tindouf, il faut au moins trois jours de mobilisation. PT : “Le financement d'hommes d'affaires est nuisible à la démocratie” En plus de ces difficultés, il faut également assurer le financement des tirages d'affiches et des supports de campagne. À ce titre, le PT a procédé au tirage de 3 millions d'exemplaires de son programme, 200 000 affiches pour la campagne centrale en plus des affiches des différentes wilayas. Selon Tazibt, le PT dépensera au moins 2 milliards de centimes pour sa campagne centrale et autant à l'échelle locale. Pour le collage des affiches et la distribution des programmes du parti, M. Tazibt souligne que ce sont les militants et les sympathisants qui s'en occupent. Ce n'est pas facile, affirme-t-il, puisque ces militants déboursent de leur poche pour leurs déplacements. Concernant le climat général de cette campagne, le dirigeant du PT s'interroge sur les gros budgets de certains partis, notamment les nouveaux. Selon lui, il faut des années de combat pour construire un parti, d'où des interrogations sur cette facilité à faire des listes. Il citera à cet égard le financement par des hommes d'affaires de certains congrès constitutifs de partis et l'achat d'agréments. “Tout cela est nuisible à la démocratie et à la politique”, affirme-t-il, en ajoutant que ces pratiques ne sont pas le propre des petits partis, puisque même les grands partis s'y adonnent. En conclusion, M. Tazibt indique que “l'argent a envahi la politique. Nous n'accusons personne, mais les interrogations sont légitimes”. Selon lui, le contrôle est impératif. Il faut que la justice s'autosaisisse. “Selon le ministère de l'Intérieur, 6 partis ont été pris la main dans le sac. Mais on ignore de qui il s'agit”, regrette le dirigeant du PT. S. S.