Ni l'éthique ni les règles élémentaires du professionnalisme ne concernent les responsables de l'Unique, qui semblent décidés à censurer tout ce qui ne plaît pas au clan présidentiel. Comme à l'accoutumée, l'ENTV fait l'impasse sur les activités des démocrates. L'Unique, qui ne s'accommode pas des initiatives politiques allant à l'encontre des ambitions des maîtres du moment, ne trouve aucune gêne à occulter un événement aussi important que celui qui s'est tenu, avant-hier, à Sidi-Fredj, à savoir les états généraux des patriotes républicains. Pourtant, dans le vingt heures de jeudi dernier, la télévision de HHC a eu “la générosité” de médiatiser des activités de partis politiques qui se sont pourtant tenues à mille lieues de la capitale. Une association d'enfants de chouhada à Tlemcen, meeting de Moussa Touati (FNA) à Mascara ainsi qu'une organisation soutenant la candidature de Abdelaziz Bouteflika pour un second mandat à la magistrature suprême ont tous eu droit à l'antenne. Pour la télévision de Hamraoui Habib Chawki, la rencontre de Sidi-Fredj ayant drainé près de deux mille citoyens épris de démocratie et de liberté n'est pas un événement qui mérite d'être médiatisé, alors que “les redresseurs du FLN” ne cessent de défiler à l'écran pour tenter de vendre aux Algériens un second mandat de Bouteflika. Ni l'éthique, encore moins les règles élémentaires du professionnalisme ne semblent retenir les responsables de l'ENTV qui confirment à chaque fois que leur souci n'est pas celui d'informer les citoyens, mais de servir surtout de tribune au clan présidentiel. Toute initiative susceptible de déranger les ambitions de celui-ci doit être censurée. HHC offre de manière éhontée le monopole de l'écran au locataire d'El-Mouradia et à ses soutiens. Les partis de l'opposition n'y ont pas droit de cité. En février dernier, à l'occasion de la cérémonie du 14e anniversaire de la création du RCD, à laquelle des diplomates occidentaux, africains et arabes étaient invités, Saïd Sadi, constatant l'absence de l'Unique, avait révélé l'existence d'instructions précises d'éviter tout passage à la télévision des activités de son parti. HHC s'était empressé d'envoyer un démenti et persistait à dire que la couverture des activités des formations politiques est traitée de manière équitable. Faux, archifaux ! La réalité est tout autre. Les démocrates sont bel et bien interdits d'antenne. Et Hamraoui Habib Chawki ne peut donc prouver le contraire. Chaque jour, le téléspectateur le vérifie de lui-même. La télévision ne l'informe pas, elle le désinforme. Hier, aucun responsable de l'ENTV n'était joignable, malgré nos multiples tentatives d'obtenir d'eux une explication sur le “ratage” de jeudi dernier. La notion de service public est totalement dévoyée au profit d'ambitions de pouvoir. Bouteflika ne l'a jamais caché. C'est lui qui affirmait à la deuxième année de son mandat : “La télévision, c'est moi”, ou encore : “C'est moi, le rédacteur en chef de l'APS.” La messe fut dite ce jour-là. Tous ceux qui s'opposent à ses visées sont boycottés par l'Unique, devenue la propriété exclusive du Président et de ceux qui le soutiennent pour un second mandat à El-Mouradia. S. R.