Depuis lundi matin, les habitants de la commune d'Illitène, daïra d'Iferhounène, ainsi que les deux villages Aït Aïssa Ouyahia et Aït Adellah, situés au pied du mont Azrou n'Thor et Ighzer N'bivrace, à 80 km au sud de Tizi Ouzou, sont en alerte maximale. Un immense glissement de terrain avance à vue d'œil et menace sérieusement une bonne partie de cette commune montagneuse, située au pied de la chaîne montagneuse du Djurdjura. Une quantité importante de boue avance graduellement droit vers les habitations, emportant arbres et grosses pierres, au grand dam des autorités locales et de la population de la région qui vit la peur au ventre. Parmi les premières mesures prises hier, on cite l'évacuation d'une dizaine d'habitations du village Aït Aïssa Ouyahia et du chef-lieu, notamment les demeures situées à côté de l'oued. C'est un véritable cri de détresse que les villageois ont lancé hier pour la énième fois. «Depuis trois jours, nous n'avons pas fermé l'œil. On entend les affaissements et le bruit des boues charriées qui nous menacent. Hormis les autorités locales, aucun autre responsable ne semble s'inquiéter de notre situation alors que nous n'avons pas où aller. On est là à observer nos maison emportées par les glissements», fulmine un habitant de la région que nous avons contacté par téléphone. Le maire d'Illiltène et les autres élus locaux sont mobilisés depuis le début de cette catastrophe. «Comme première mesure, nous avons décidé la première évacuation en attendant de voir la progression du phénomène qui, en moins de deux jours, a parcouru pas moins de 6 km. Au rythme où vont les choses, d'énormes dégâts sont à prévoir malheureusement. Par ailleurs, une délégation des services techniques de la wilaya, que nous avons pris le soin de contacter, devait se déplacer aujourd'hui sur les lieux de la catastrophe pour constater l'ampleur du phénomène et voir les mesures urgentes à prendre, surtout que les habitants de la région sont pris de panique», nous dira le P/APC d'Illiltène. Effectivement, une véritable psychose s'est emparée des villageois. Certains qui ont vu leurs maisons menacées ont déménagé et ont été hébergées par des habitants des autres villages limitrophes, selon un habitant de la région. Les villageois n'ont dû leur salut qu'à la solidarité. Des gardes de nuit sont organisées par les comités de villages qui sont livrés à eux-mêmes. «Nous sommes en train d'assister à un phénomène hors du commun dans notre région. On n'a jamais vu cela auparavant. C'est toute la montagne qui glisse vers le bas, emportant tout sur son passage», nous dira un villageois.