Pour les Algériens établis en France, les législatives emboîtent le pas à la présidentielle française. En effet, le scrutin des législatives a débuté hier matin à 8 heures pour la communauté algérienne établie en France. Les 801 508 électeurs ont jusqu'à jeudi 22h, soit trois jours au lieu de six, pour effectuer leur choix parmi les 23 listes de la zone 1 (nord de la France) et les 18 listes pour la zone 2 (sud de la France). Au terme de cette élection, quatre députés les représenteront à l'Assemblée populaire nationale à Alger. Youcef Kerkoub est le premier ressortissant à avoir glissé son bulletin dans l'urne du bureau de vote de Bordeaux, hier matin à 8h, et ce bulletin est pour lui “une affirmation de son identité algérienne”, “une contribution de l'Algérie à la stabilité du pays et de son développement”. Comme lui, ils sont 311 963 inscrits sur les listes électorales attendus dans les urnes du sud de la France. Dans la circonscription électorale de Toulouse, dont dépendent sept départements, ont été mis en place sept bureaux de vote afin d'accueillir les 23 026 électeurs résidant en Haute-Garonne, en Ardèche, en Andorre et dans les Hautes-Pyrénées. Dans ces deux circonscriptions du sud de la France auxquelles s'ajoutent celles de Marseille, Lyon, Grenoble, Nantes, Montpellier, Nice, Saint-Etienne et Besançon, seront élus deux députés parmi les 18 candidats en lice. Dans les circonscriptions du Nord qui comptent Paris, Lille, Strasbourg, Nanterre, Pontoise, Bobigny, Vitry-sur-Seine et Metz, les 489 545 électeurs choisissent jusqu'à jeudi soir leurs deux députés parmi les 23 prétendants à la députation. À Lille comme à Bobigny, la forte communauté algérienne est grossie de nouveaux inscrits sur les listes électorales, ce à quoi l'administration consulaire a répondu en augmentant le nombre des bureaux de vote. Ainsi, à Lille, 12 nouveaux bureaux de vote ont été ouverts, s'ajoutant aux 10 déjà présents lors des législatives de 2007. Des bureaux de vote ont pu ainsi voir le jour à Arras, Calais, Wattrelos, Libercourt, Denain ou encore à Hénin-Beaumont, chasse gardée du Front national français et ainsi permettre aux électeurs d'écourter leurs déplacements. Cependant, nous pouvons nous demander si cela sera suffisant pour enrayer l'abstention qui s'annonce importante. En effet, traditionnellement élevée en France, l'abstention risque d'être plus forte encore que les années précédentes, d'une part parce que ces élections mobilisent peu la communauté algérienne de France, d'autre part parce que la durée du scrutin a été réduite de six jours à trois jours cette année. Les autorités françaises ont, en effet, demandé de déplacer le début du scrutin, initialement prévu le 6 mai, au 8, afin de ne pas interférer avec le second tour de l'élection présidentielle française. Enfin, notons que des observateurs ont été disséminés parmi les bureaux de vote afin d'assurer la transparence du scrutin, qui malgré cela, sera probablement discutée. Ce qu'attendent la plupart des votants résidant en France, à l'instar de Mme Noria Boukhobza, professeur d'anthropologie à l'université de Toulouse, c'est que se noue une “relation de confiance” entre les députés des Algériens de l'étranger et leurs électeurs, qu'assureraient notamment des “contacts directs” entre les élus et les ressortissants. Ainsi, Mohand Issad, octogénaire résidant à Bobigny depuis les années 1940, affirme avoir voté pour le changement : “pour moi, l'Assemblée ne doit plus se contenter d'être une chambre d'enregistrement, mais prendre en compte la volonté des voix qui s'expriment”, a-t-il dit, encore faut-il que suffisamment de voix s'expriment et que la procédure élective soit irrépréhensible pour permettre le changement. M. C. F.