“En 1991, il y a eu le vote sanction, en 2012 le vote refuge”, explique le ministre de l'Intérieur. “Les Algériens ont peur de l'aventure”, dit-il. Pour une élection sous le signe du changement, on eut droit à des changements dans la manière, la méthode et le mode d'emploi de l'annonce des résultats par un Ould Kablia qui a changé l'habituel horaire de la matinée de son prédécesseur, Nordine Yazid Zerhouni, pour l'après-midi. Zerhouni, ses “tacles à l'arabe”, ont beaucoup manqué à ce rituel. Les résultats ont été loin, très loin des pronostics. Douche froide et grande surprise. Douche froide pour les islamistes de l'Alliance verte dont on imagine “la gueule de bois” du lendemain après une campagne relativement agressive, et surprise avec le retour en force du FLN. L'ordre est évidemment respecté en haut du tableau avec le FLN, le RND et l'Alliance verte (MSP) avec respectivement 220 sièges, 68 sièges et 48 sièges. À signaler le retour du FFS avec 21 sièges, le PT avec 20 sièges, tout le reste se situe entre 19 (indépendants) et 1 siège : une vingtaine de partis, garnie bien fournie, avec la présence significative des femmes. Les partis récemment agréés n'ont pas réussi à convaincre les électeurs. Ils sont une dizaine à réussir l'épreuve mais sans dépasser le cap des 7 sièges, El-Adala, et 6 pour le MPA. Ce scrutin “particulier” pour le ministre de l'Intérieur et des collectivités locales se caractérise par la hausse du taux de participation comparativement à celui de 2007. Ce taux est présenté comme un écho à l'appel du président à partir de Sétif à deux jours du vote. Il exprime la volonté de poursuite des réformes, du changement. Aussi, Ould Kablia présente cette élection comme “la fête du printemps algérien” devant pousser les réformes vers d'autres perspectives. Le taux de participation est acceptable, pour deux raisons, a estimé le ministre. D'abord, les Algériens ne votent pas massivement aux législatives. Ensuite, ce taux est presque le même dans plusieurs pays, y compris en occident. Outre le taux de participation qui a fait écho à l'appel du président, il est aussi l'expression d'un vote refuge. “En 1991, il y a eu le vote sanction, en 2012 le vote refuge”, explique le ministre. D'où le retour du FLN qui représente “le refuge” et la “stabilité”. “Les Algériens ont peur de l'aventure”, dit-il. L'Algérie a trop souffert, dit le ministre, remontant jusqu'à la période de la révolution en passant par la décennie noire des années 1990. “Les Algériens ont beaucoup souffert, ce n'est pas aujourd'hui qu'on viendra nous dicter le standard de notre politique”, a-t-il précisé. Les islamistes de l'Alliance verte, alliance artificielle constituée à quelques jours du scrutin, alors que le MSP qui en est la locomotive venait à peine de basculer dans l'opposition tout en gardant ses ministres au gouvernement, sont les perdants de ce scrutin. Leur score n'a pas dépassé celui du MSP légèrement diminué en raison de sa versatilité et de sa crise interne qui l'a privé d'une partie de son électorat traditionnel. Au sujet des affirmations que la prochaine assemblée sera une constituante, le ministre a rappelé que son mandat est de cinq ans, qu'elle a un rôle législatif dont la mission de révision de la constitution. s'il s'agit d'un léger lifting, de quelques amendements qui ne touchent pas aux équilibres entre les pouvoirs, l'APN peut adopter le texte, mais si le changement est profond, le texte adopté sera soumis à un référendum populaire. Il a refusé de commenter le choix exclusif des partis déjà existants, mais a estimé que l'assemblée va s'installer dans un nouveau climat. Et les députés doivent se préparer à cela. Concernant ses pronostics démentis par les urnes, il a reconnu les avoir avancés, mais l'urne a tranché, autrement. Cela tient, selon lui, au fait qu'il y avait beaucoup de listes avec des “têtes” inconnues, et le choix s'est porté sur les listes connues. “C'est le choix de la confiance, de la sécurité et de la stabilité”, a-t-il affirmé. Minimisant, enfin, les dépassements “vite circonscrits”, le ministre a cependant rendu responsables les électeurs qui n'ont pas trouvé leur nom sur les listes. Le gouvernement Ouyahia va bien entendu démissionner. “Vous pourrez voir demain ma démission”, a répondu Ould Kablia à une question à ce sujet. Un style humoristique qui n'a pas réussi à faire oublier “la méthode Zerhouni” surtout quand il torture l'arabe classique. D B. Listes sièges obtenus nombre de femmes Front de libération nationale (FLN) 220 68 Rassemblement national democratique (RND) 68 23 Alliances (Alliances) 48 15 Front des forces socialistes (FFS) 21 7 Parti des travailleurs (PT) 20 10 Indépendants (Indep.) 19 5 Front national algérien (FNA) 9 3 Parti El-Adala (El-Adala) 7 1 Mouvement populaire algérien (MPA) 6 2 Parti El-Fedjr El-Jadid (PFJ) 5 1 Front du changement (FC) 4 1 Parti nat. pour la solidarité et le développement (PNSD) 4 1 Rassemblement algérien (RA) 4 1 Front national pour la justice sociale (FNJS) 3 0 AHD54 (AHD54) 3 0 Union des forces démocratiques et sociales (El-Ittihad) 3 2 Alliance nationale républicaine (ANR) 3 1 Front El-Moustakbal (FM) 2 0 Mouvement national d'espérance (MNE) 2 0 Rassemblement patriotique républicain (RPR) 2 1 Mouvement des citoyens libres (MCL) 2 1 Parti Ennour El-Djazaïri (PED) 2 1 Parti El-Karama (El-Karama) 1 1 Parti du renouveau algérien (PRA) 1 0 Mouvement El-Infitah (ME) 1 0 Front national des indépendants pour la concorde (FNIC) 1 0 Front national démocratique (FND) 1 0 Total 462 145