C'est sans doute une douche froide pour l'Alliance verte qui, contrairement à ses prévisions, n'a pas profité de la vague du Printemps arabe lors des législatives du 10 mai dernier. Dans la région, les partis islamistes ont accédé au pouvoir par la voie des urnes après avoir remporté les élections en Tunisie, puis au Maroc et en Egypte. En quittant l'Alliance présidentielle, pour former avec deux autres partis islamistes, l'Alliance verte, le président du MSP, Abou Djerra Soltani, avait fait part à l'époque de sa certitude que la percée historique des islamistes en Tunisie, au Maroc et en Egypte aura “un effet inducteur positif” sur la mouvance islamiste en Algérie. Les islamistes étaient donc certains d'occuper la première place en termes de représentativité au sein de la nouvelle Assemblée nationale. “Je prévois que le classement se fera entre trois forces : nous (l'Algérie verte), le parti traditionnel (le Front de libération nationale (FLN), parti présidentiel) et les indépendants”, avait déclaré Soltani durant la campagne électorale. Mais l'effet miroir de ce qui s'est passé en Tunisie et au Maroc sur les islamistes algériens n'aura finalement pas lieu. L'Alliance verte n'obtient que 48 sièges, loin derrière le FLN (220 sièges) et le RND (68 sièges) et moins que les 52 sièges que comptait le MSP dans la précédente législature. Au total, six des sept partis islamistes qui se sont présentés à ce scrutin ne comptabilisent que 68 sièges dans l'Assemblée fraîchement élue. Arrivée en troisième place, l'Alliance verte se dit déçue et frustrée, tout en dénonçant une manipulation des résultats. Dans un communiqué rendu public vendredi, elle a estimé que les résultats officiels du scrutin pourraient exposer la population “à des dangers” dont elle refuse d'assumer “la responsabilité”. Abderrezak Mokri, vice-président du MSP, ne décolère pas depuis l'annonce des résultats. “Cela va porter préjudice aux réformes annoncées par le chef de l'Etat... Nous tenons le président de la République comme le premier et le principal responsable de ce qui se passe. Si la fraude est établie, nous prendrons les mesures qu'il faudra”. Le MSP mettra-t-il sa menace à exécution en entrant en conflit avec un pouvoir avec lequel il a composé pendant de longues années à travers sa présence au gouvernement, dans l'Alliance présidentielle et aux assemblées élues ? Dans les prochains jours, la mouvance islamiste est tenue de présenter les preuves de la fraude. Si fraude en sa défaveur, il y a eu. Car il ne faut pas perdre de vue que la campagne électorale, menée par l'Alliance verte, n'a pas mobilisé les foules. Dans certaines régions du pays, ses dirigeants ont été hués, insultés et même sommés par les citoyens de quitter les lieux. Ce faible score électoral traduit-il le poids réel de la mouvance islamiste dans la société ? Les islamistes ont-ils payé le prix de leur compromission avec le pouvoir ? Leur faible résultat serait-il la conséquence des dommages collatéraux de la mouvance intégriste durant la décennie noire ? Les prochaines échéances électorales donneront certainement des réponses à ces questions. N H.