Seul parti à batailler depuis des années pour une surveillance internationale massive et qualifiée des élections en Algérie, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) n'est pas du tout satisfait du rôle que joue le chef de la mission d'observation de l'Union européenne, l'Espagnol José Ignacio Salafranca. “La précipitation avec laquelle le chef de la mission européenne a validé, dès le début de la soirée du 10 mai, le déroulement du vote laisse perplexe”, a dénoncé le RCD dans un communiqué rendu public hier. “Ni les pressions directes ou indirectes exercées par les autorités algériennes sur certains observateurs de l'Union européenne ni les injonctions du ministère des Affaires étrangères algérien appelant M. Salafranca à la réserve et la retenue ne peuvent justifier autant de promptitude avant même le retour d'écoute de l'ensemble des observateurs de l'Union européenne déployés sur le terrain”, a-t-il ajouté. Irrité par cette “bienveillance'' du chef des observateurs européens à l'égard des autorités, le parti de Mohcine Belabbas estime qu'il est de sa responsabilité d'“attirer l'attention (de l'UE, ndlr) sur les conséquences et les répercussions dommageables que peuvent induire les déclarations de M. José Ignacio Salafranca auprès d'une opinion publique algérienne légitimement échaudée par les attitudes antérieures d'Etats ou d'ONG, qui se sont laissés aller, en diverses occasions, à des facilités, des approximations, des silences voire des complicités devant les abus du pouvoir algérien qui ont laissé des traces dans la mémoire collective”. L'attitude du chef de la mission d'observateurs de l'UE est d'autant plus incompréhensible que “les grandes capitales occidentales se félicitent du calme relatif qui a entouré le vote du 10 mai”. Pour le RCD, “la position tranchée” du gouvernement espagnol qui a tenu à “féliciter le gouvernement et le peuple algériens” n'est pas étrangère à l'“empressement” de M. Salafranca qui “avait, jusque-là, assuré un management crédible et courageux de sa mission”. Aux yeux du parti de Mohcine Belabbas, les législatives du 10 mai ne sont pas propres. “À Alger même, au centre de vote les Palmiers (Mohammadia), des militants du RCD ont constaté, en présence des observateurs de l'Union européenne, de graves dépassements qui ont directement et lourdement influé sur le résultat du vote. Dans plusieurs régions, les observateurs de la mission européenne ont assisté à des distorsions ayant porté sur plusieurs aspects des opérations de vote”, assure-t-il, réaffirmant que le taux de participation officiel de 42,36% est irréel. “Le RCD, dont les militants ont suivi la préparation, le déroulement et l'exploitation du vote, confirme le chiffre des commissions communales qui donnent un taux de participation de 18%”, souligne le RCD, considérant que “cette annonce pérennise une tradition de manipulation et de falsification des résultats des élections qui dure depuis l'Indépendance”. A. C.