À Batna, le FLN, qui était dans une situation critique, avec pas moins de 30% des kasmate fermées, une mouhafadha désertée et des militants en expectative, a remporté, contre toute attente, haut la main les législatives du 10 mai avec huit sièges sur quatorze. Mieux encore, les partisans du vieux parti n'ont pas abandonné les dissidents du parti en offrant au maire d'Arris, Aïssaoui Abdelhamid, et à l'ex-député FLN, Chafaâ Abbès, deux sièges à la Chambre basse. Pour expliquer ce triomphe, nous avons contacté des moudjahidine, des enfants de chouhada, des militants de longue date de ce parti, la tête de liste, l'ex-président de l'APW Nacer Latrèche et aussi des jeunes universitaires et intellectuels pour avoir un éclairage. Les premiers cités, c'est-à-dire les moudjahidine, sont unanimes à dire que “nous votons par fidélité aux martyrs, et pour eux, le FLN c'est un peu le pays, le drapeau”. Aucun moudjahid n'a pris connaissance du programme et ne savait encore moins le nom des candidats. Ils ont voté FLN comme la plupart des sexagénaires. Les enfants de chouhada et les vieux militants du parti votent traditionnellement FLN par fidélité et se disent n'avoir pas d'autres alternatives car les nouveaux partis ne sont pas connus sur la place et le RND n'inspire plus confiance. L'ex-président de l'APW de Batna et néanmoins tête de liste du FLN à Batna attribue la large victoire de son parti dans cette wilaya au travail de proximité entrepris surtout dans la daïra de Batna qui compte plus de 1/5e des inscrits de la wilaya, soit 148 520 électeurs sur les 587 243. Il faut dire que le FLN a fait le plein à travers la daïra de Batna, en plus du fait d'avoir ramassé des centaines de voix sur les 61 communes de la wilaya, à l'exception de N'gaous et Raslayoun. Les universitaires et un bon nombre de jeunes qui n'ont pas jugé utile de voter ou ont voté pour les nouveaux partis, la suprématie du FLN s'explique par le vote massif des partisans du parti, des vieux et aussi des femmes qui respectent toujours l'orientation des chefs de tribu. L'abstention à près de 62% et le nombre de listes (40) ont renforcé le parti le plus mobilisé de part ses moyens logistiques et surtout sa présence sur le terrain à travers les 61 communes. D'ailleurs, dans les dachrete les plus reculées des Aurès, les petits bureaux d'une cinquantaine de voix étaient à 100% FLN. 50 ans après l'Indépendance, beaucoup ne connaissent que le parti FLN et ne sont pas en connaissance des conflits internes de ce parti. M H