L'armée yéménite a lancé une offensive d'envergure pour reprendre deux villes tenues par la franchise d'Al-Qaïda dans le Sud, alors que des drones américains attaquent des hommes du réseau djihadiste dans l'Est. Aden, capitale du Sud-Yémen est infiltrée par Al-Qaïda. L'alerte est donnée par les Etats-Unis qui viennent de révéler un scénario digne de Hollywood avec agent infiltré, CIA, slip piégé... Il y a une dizaine de jours, un attentat contre un avion de ligne était déjoué aux Etats-Unis. Le kamikaze qui devait faire exploser une bombe à bord de l'avion était en fait un agent infiltré au sein de la branche yéménite d'Al-Qaïda (Aqpa) par les services secrets américains. L'agent double, dont la nationalité n'a pas été précisée, s'était porté volontaire pour ce projet de mission suicide sur le modèle de l'attentat au slip piégé de Noël 2009, mais il s'est enfui, via les Emirats arabes unis, avec l'engin explosif, désormais entre les mains des techniciens du FBI américain, ainsi que des renseignements “cruciaux”, selon la CIA, des renseignements qui ont permis aux services américains d'éliminer dans un raid aérien au Yémen l'un des principaux dirigeants d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), le Yéménite Fahd al-Quso, recherché pour l'attentat contre le porte- avions américain, l'USS Cole, au large du Yémen en 2000. En fait, et c'est un secret de polichinelle, Aqpa active à visage découvert au Yémen. La franchise d'Al-Qaïda est même aux portes d'Aden, grande ville du sud du Yémen. La menace de ses jihadistes est réelle, ses éléments qui activent sous le pseudonyme de “Partisans de la Charia”, une association tolérée par le gouverneur, y font des apparitions pour pourchasser les couples non mariés et harceler une population déjà accablée par l'insécurité provoquée par d'autres groupes armés, tribaux ceux-là. Dans les multiples quartiers populaires, la police ne s'aventure plus et elle est accueillie par les tirs d'armes quand elle ose le faire. Islamistes et milices locales y ferment les rues avec des blocs de pierres. Aqpa, criminels et séparatistes sudistes font bon ménage. La bannière noire d'Al-Qaïda flotte sur de nombreux bidonvilles. Dans d'autres quartiers, la situation n'est pas meilleure même si le groupe dominant est celui des séparatistes sudistes qui veulent restaurer la République sudiste d'avant la fusion avec le Nord en 1990. Voilà où se trouve le Yémen après un an de contestation violente du régime de l'ancien président Ali Abdallah Saleh. Tandis que l'establishment s'entredéchire sur l'héritage de Saleh, Aqpa en profite pour étendre son influence. Source d'une crainte réelle à Washington quant à la capacité d'Al-Qaïda de lancer de nouvelles attaques contre les Etats-Unis du moment que l'artificier des jihadistes yéménites, le Saoudien Ibrahim al-Asiri, continue probablement de se cacher comme d'autres chefs d'Al-Qaïda dans le vaste territoire d'implantation d'Aqpa que l'armée yéménite peine à pacifier. À signaler enfin que le bilan de l'offensive militaire lancée samedi par l'armée yéménite pour tenter de chasser les éléments armés du réseau terroriste Al-Qaïda de Zinjibar, dans le sud du Yémen s'est alourdi hier à 15 morts, dont six militaires, un civil et huit insurgés, ont rapporté des médias. Samedi, deux militaires, dont un colonel, ont été tués dans les combats, et 12 militaires blessés à Jaar (Sud), avaient annoncé des sources concordantes, ajoutant que huit terroristes ainsi qu'un civil ont été par ailleurs tués dans des frappes aériennes menées par l'aviation yéménite dans la même région. Au total, six militaires, dont un colonel, ont été tués et 18 autres blessés dans les combats autour de Zinjibar, a indiqué un officier militaire, soulignant que “les combats se poursuivent et l'armée progresse vers Zinjibar". D. B