C'est avec l'espoir de voir cette rencontre médiatique inédite déboucher sur un partenariat effectif solide et mutuellement bénéfique entre les pays africains et la Turquie que se sont achevés les travaux de ce premier forum turco-africain. Après deux jours de débats en ateliers sur les relations de la Turquie avec les pays africains, qui ont permis au passage de poser toutes les interrogations sur l'objectif recherché par chacune des deux parties, les participants ont adopté une déclaration générale. L'adoption de ce document est “un signe de notre ferme volonté à fournir des efforts concertés visant à assurer à nos populations paix et stabilité dans un monde prospère”. Il faut dire qu'on a essayé d'aller au fond des choses, à l'image de certains journalistes africains, qui n'ont pas hésité à formuler l'espoir que la Turquie ne se fixe comme but unique d'avoir sa part du marché africain à l'instar d'autres puissances. En effet, Russie, France et Chine par exemple se livrent une bataille acharnée à travers des sommets annuels avec les chefs d'Etats africains pour s'attirer leurs faveurs, tout en faisant miroiter des aides et une coopération dans divers domaines. Ceci dit, l'occasion était également trop belle pour ne pas faire un état des lieux de la presse africaine, qui souffre encore de nombreuses pressions et difficultés l'empêchant d'accomplir convenablement la mission d'informer. Les journalistes africains, représentant les médias publics et privés, ont évoqué lors des débats en ateliers leurs problèmes et ceux de leurs pays respectifs, tout en remerciant la Turquie pour l'initiative organisée par la direction générale de la presse et de l'information auprès de l'Office du Premier ministre turc, Tayyip Recep Erdogan, en collaboration avec l'incitatif des médias africains (AMI). De leur côté, les responsables turcs ont essayé de convaincre que l'objectif de leur pays est de venir en aide aux pays africains, tout en établissant avec eux une coopération bénéfique pour les deux parties. Ils ont cependant regretté le peu d'intérêt de la presse turque à ce qui se passe en Afrique, en ne rapportant que rarement des informations sur ce continent, lequel a une histoire commune avec la Turquie, notamment l'Afrique du Nord. À l'issue des travaux de ce forum, les participants ont rendu publique une déclaration générale en plusieurs points, dans le plus important est cet engagement à renforcer “nos médias dans le but de construire un avenir commun pour les pays de la région et promouvoir le développement humain et la prospérité économique de nos peuples”. Il ressort clairement que les journalistes africains, qui veulent voir leurs pays respectifs sortir du sous-développement ne s'opposent pas à l'initiative turque, mais souhaitent qu'elle se fasse dans un cadre de respect mutuel. Affirmant croire que “promotion de la solidarité entre les représentants des médias des pays participants élargira la coopération régionale et internationale et renforcera la culture démocratique”, les participants à ce forum soulignent : “Nous déclarons publiquement notre volonté et notre détermination à atteindre ces objectifs, convaincus que nos idéaux communs se réaliseront plus rapidement par le biais des relations solides et durables entre les organisations professionnelles de nos pays”. À signaler qu'à la fin de son discours de clôture, le vice-premier ministre turc, Bülent Arinç, a été interpellé par les participants au forum au sujet des journalistes turcs emprisonnés. Il défendra la position de gouvernement en liant ces affaires au terrorisme et la sécurité du pays. Il a affirmé que sur les 91 journalistes emprisonnés, seuls six sont détenteurs d'une carte de presse, et que la plus grande partie d'entre eux est liée au terrorisme, qu'il a imputé au parti kurde du PKK d'Abdullah Oçalan, arrêté en 1998 et emprisonné depuis 1999 dans l'île d'Imrali au large de la ville de Bursa. M. T.