Les journalistes africains ont réclamé des aides matérielles au gouvernement turc pour, ont-ils dit, «aider la presse du continent à travailler dans des conditions correctes». Tombée de rideau pour le forum turco-africain des médias qui s'est tenu les mercredi et jeudi derniers à Ankara. Forum qui a regroupé près de 300 journalistes venus de 54 pays membres de l'Union africaine ainsi que des experts, des académiciens, des politiques et des universitaires. «Le peuple turc ne connaît pas bien l'Afrique, je reconnais que les médias turcs n'ont pas montré d'intérêt à ce qui se passe dans ce continent», a avoué Öguz Haksever, présentateur à NTV, qui modérait un atelier sur «le cadre de coopération entre les médias de la Turquie et de l'Afrique». Nombreux sont les journalistes africains qui se sont, en effet, étonnés de l'absence de leurs confrères turcs au forum. «Nous aurions aimé qu'ils soient présents pour qu'on s'échange nos avis», a relevé un journaliste mauritanien. «Je me demande pourquoi ce manque d'intérêt par la presse privée, j'en suis déçu », a lâché le vice-Premier ministre. Mais il tente de se rattraper en estimant que «les journalistes qui sont présents sont considérés comme des précurseurs pour amorcer le débat entre la Turquie et l'Afrique». Bülent Arinç rappelle que les pouvoirs publics turcs y compris les médias publics s'intéressent à l'Afrique. Preuve pour lui que «notre Premier ministre est parti en Somalie avec sa famille, des ministres et même des musiciens». La Turquie, dit-il «aide plusieurs pays africains à forer des puits pour alimenter les populations en eau potable et leur construit des hôpitaux». Et précise que «nous n'agissons pas avec une idée de profit seulement mais nous voulons coopérer ensemble». Le responsable turc veut rassurer les Africains en leur promettant que «la Turquie est prête à faire plus d'efforts, vous savez que nous sommes contre le colonialisme, nous n'avons jamais fait ça par le passé, nous sommes contre le racisme, nous sommes pour toutes les religions, nous voulons construire des partenariats pour que les ressources de l'Afrique soient utilisées à bon escient et pour en faire profiter les populations afin de leur assurer leur liberté et leur dignité». Il a fait savoir aux participants que «nous étions à la recherche d'un interlocuteur au niveau des médias africains pour qu'on puisse coopérer ensemble, nous l'avons trouvé en l'initiative africaine des médias (AMI), on se connaît maintenant, on peut communiquer». El Houssein Ould Meddou, journaliste mauritanien, a reconnu «la fragilité et les faiblesses des institutions africaines de presse en général en raison du manque de moyens». Un confrère namibien a demandé aux Turcs de «soutenir financièrement les médias africains, d'accorder des bourses et d'assurer des stages de formation aux jeunes journalistes africains, de fournir des équipements de travail et d'impression aux journaux, de faire pression sur les canaux diplomatiques pour assurer la liberté de la presse en Afrique». Un confère nigérien a suggéré aux Turcs de diffuser des documentaires sur l'Afrique en utilisant des langues africaines pour permettre aux citoyens turcs de connaître le continent. «Il faut que le Turc moyen ait une idée sur l'Afrique, qu'il connaisse ses cultures», a-t-il soutenu. Il veut, à cet effet, faire de «La voix de la Turquie en langues africaines» un programme télévisuel «comme c'est le cas en Europe». Un Mauritanien a proposé l'élaboration d'un programme de travail pour une année dont, dit-il, «on rendra compte l'année d'après». Le vice-Premier ministre turc voudrait qu'une 2e édition du forum se tienne dans un des pays africains qui sera choisi par l'AMI.