Plus de 50 ans de carrière. Un succès qui n'a pas pris une ride. Toute sa vie a été consacrée à la chanson. Dans son cœur, elle portait l'Algérie, ce pays qu'elle chérissait et qu'elle a tant chanté. À peine son dernier album dans les bacs, que les critiques fusaient. Si certains – surtout les fans – avaient salué cet opus, beaucoup ont critiqué son retour sur la scène musicale. Certains chanteurs de la scène arabe l'ont même déploré, déclarant qu'elle aurait dû tirer sa révérence. Ce n'est pas la chanson qu'elle a quittée, mais la vie. Warda El-Djazaïria n'est plus. La diva algérienne de la chanson arabe est décédée jeudi dernier au Caire, à l'âge de 73 ans, victime d'une attaque cardiaque. L'annonce de son décès s'est propagée comme une traînée de poudre. La prière funéraire s'est déroulée, hier, à la mosquée Salah Eddine à Manil (Le Caire), avant le rapatriement de son corps en direction d'Alger (aéroport Houari-Boumediene), dans un avion dépêché par les autorités algériennes. À son bord, des membres de sa famille et l'ambassadeur d'Algérie en Egypte. Il devait atterrir en soirée, où attendaient de nombreux artistes algériens, ainsi que des personnalités politiques. Tristesse et consternation se lisaient sur les visages des présents. Chacun commentait la nouvelle, se rappelait un souvenir, une anecdote, surtout pour ceux et celles qui l'ont côtoyée. Des navettes assurant le transport vers cet aéroport ont été mises à la disposition des artistes par le ministère de la Culture. Warda sera enterrée aujourd'hui au cimetière El-Alia, après la prière du Dohr. De grandes funérailles lui seront réservées, comme l'a souhaité le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Sa dépouille sera exposée aujourd'hui, à 9h, au palais de la culture Moufdi-Zakaria, pour un ultime hommage de la part de sa famille, ses amis et ses fans. Des personnalités artistiques du monde arabe devraient assister, aujourd'hui, à l'enterrement de la chanteuse. L'amour de l'Algérie L'interprète de Fi youm wi lila n'a eu de cesse de montrer son attachement à l'Algérie qu'elle portait dans son cœur. En témoignent ses derniers projets : le spot publicitaire de l'opérateur de la téléphonie mobile Wataniya Télécom Nedjma “Mazalna Wakfin” à l'occasion du cinquantenaire de l'Indépendance de notre pays. Par ailleurs, la diva prévoyait même une vidéo clip qui devait être diffusée en cette occasion. Elle avait promis la surprise. Des projets elle en avait encore, mais le destin en a voulu autrement. Si la nouvelle génération la connaît à travers la chansonnette, il ne faut pas lui occulter son patriotisme précoce. C'est à travers le chant patriotique qu'elle fit ses premiers pas dans la chanson. Et elle a continué sur cette lancée, jusqu'à son dernier souffle. Plus de 50 ans de carrière. Elle a chanté l'amour et surtout son pays. Elle a toujours répondu présent quand l'Algérie l'appelait, même malade. Elle ne ratait aucune occasion pour célébrer avec ses fans et son public les grandes dates du pays : le 1er Novembre 1954 (déclenchement de la guerre de Libération), le 5 Juillet 1962 (la Fête de l'indépendance), le 20 août 1956 (le congrès de la Soummam)… À chaque occasion, elle interprétait avec sincérité une chanson patriotique, à l'image de Aïd El Karama... Disponible, elle chantait avec fierté la gloire des martyrs de la Révolution. Elle n'a jamais demandé à être payée, être présente était sa grande satisfaction. Digne et fière, voilà comment était Warda El-Djazaïria… Trois mois avant sa mort, elle avait adressé une lettre ouverte aux officiels de la chaîne Al Jazeera, les critiquant pour la couverture médiatique du Printemps arabe, et les accusant d'avoir participé à un crime contre l'humanité. La diva a tiré sa révérence, ses chansons seront là pour perpétuer son souvenir. Paix à son âme ! A I