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LES PARTIS ISLAMISTES FACE À L'ECHEC
L'économie de bazar comme solution
Publié dans Liberté le 21 - 05 - 2012

Le divorce entre le peuple et la classe politique touche toutes les formations politiques, la sanction étant tout aussi lourde contre les partis démocratiques à qui est fait le grief de n'avoir pas su dépasser les clivages idéologiques et surtout leur zaïmisme pour s'unir en alliance à même de répondre aux urgences qu'impose une crise multisectorielle grave, une dérive nationale qui risque de précipiter le pays dans un sous-développement permanent, comme l'ont souligné plusieurs économistes. Car si le pays ne sort pas du sous-développement au moment où il dispose
de 200 milliards de dollars US de réserves de changes (le douzième détenteur mondial en 2011), quand en sortira-t-il ?
À ce risque sont liées les menaces de dislocation du pays, son démembrement, comme il arrive déjà si facilement sous nos cieux en ces temps de "printemps arabes".
En tout cas, les partis démocratiques ratent toujours l'occasion de s'imposer en alternative au FLN, au RND et aux islamistes. Cette déception traduit le désarroi du peuple d'être livré à ces deux partis, sur lesquels repose désormais l'espoir d'une croissance économique et de sortie de la crise, à condition qu'ils fassent leur révolution interne et nettoient leurs écuries d'Augias. D'ailleurs, seuls les partis avec un grand réservoir de militants ont la chance de drainer suffisamment de cadres et de compétences pour gérer, en dehors des charlatans qui proposent des grigris en guise de programmes. Mais il n'est pas évident que les caciques du bloc FLN-RND soient prêts à céder du terrain aux rénovateurs.
L'instrumentalisation de la foi et de la piété par des formations politiques est une ruse dont les Algériens découvrent les dessous mafieux, les extensions malsaines, les dérives terroristes et criminelles et, aujourd'hui plus évidente que jamais, la collusion avec des forces étrangères ennemies. La collusion de l'islamisme avec l'impérialisme, avec le sionisme et avec les régimes arabes les plus pourris a été mortelle pour cette doctrine qui considère la démocratie et l'adhésion au nationalisme comme des marchepieds pour arriver à leur idéal panislamique, qui est en fait une trahison de l'histoire. L'alliance du Qatar avec l'Otan pour détruire la Libye et la Syrie est suffisamment éloquente pour avoir en horreur ces “printemps arabes” manipulés par l'Occident et les pays du Golfe les plus décadents.
Si l'Arabie Saoudite qui finance ce salafisme panislamiste croyait vraiment à une grande nation islamique que ne commence-t-elle pas par donner un peu de pétrole aux pays musulmans voisins comme le Yémen et la Somalie ?
Ayant vécu l'horreur du terrorisme, les Algériens savaient avant tous les autres peuples arabes que l'islamisme, quels que soient ses courants, fondamentaliste, intégriste, salafiste ou wahhabite, relève d'un charlatanisme qui chaque jour invente un nouveau pilier de l'islam, chaque jour édicte une nouvelle fetwa, dont les plus fantaisistes et qu'il ne sied pas d'évoquer ici. En 2011, il y en a eu près de 100, dont beaucoup relatives à la femme. Le “discours” islamiste est un rabâchage de thèmes récurrents sur le hidjab, le travail de la femme, la polygamie ou le divorce. C'est sur la base de ces “idées” que se sont formés des “partis politiques” qui maintenant essaient la sauce ottomane pour redorer leur blason terni par le terrorisme inscrit dans leurs thèses fascistes. L'échec de ces partis aux législatives du 10 mai s'explique aussi par le fait que leurs leaders (présidents, secrétaires généraux et militants) n'ont pas de pouvoir spirituel ou intellectuel pour exercer la fascination, l'hypnotisme, la magie ensorcelante nécessaires à une doctrine qui promet à la fois le paradis et une justice sociale. Il faut être un vrai gourou pour promettre l'éden sur terre et dans l'au-delà. Or, les chefs islamistes algériens actuels n'ont pas l'aura pour la domination des esprits, contrairement à Abassi Madani ou Ali Benhadj, ces ténors du micro, ces orateurs aux pouvoirs hypnotiques qui faisaient vibrer les masses, effondrer les foules en larmes et en délire.
Ce charisme, ni Menasra, ni Soltani, ni Ghoul, ni même Djaballah ne le possèdent pour prétendre galvaniser les foules comme l'exige tout fascisme fondé sur le mensonge, car l'islamisme en est un. “Le fascisme n'est pas une idéologie mais un crime”, a dit Berthold Brecht. L'islamisme ne mérite également pas d'être désigné par le terme d'idéologie, vu le nombre de morts dont il est responsable. Ce terme devrait même être criminalisé dans un pays comme l'Algérie qui a vécu un drame immense à cause de l'exploitation fallacieuse de la religion par une secte d'assoiffés de pouvoir.
L'économie
islamique de… Bouteflika
Echaudés par une expérience tragique, les Algériens découvrent aux islamistes beaucoup d'autres tares. Et les preuves que la jeunesse s'en détourne sont nombreuses, visibles dans le mode vestimentaire, comportemental, langagier… Il est grave cependant que toute cette énergie juvénile ne serve pas pour construire l'avenir, qu'elle reste en jachère dans un pays qui décollerait de manière vertigineuse s'il en exploitait le minimum. Bouteflika a bénéficié des meilleures conditions qui soient, un pétrole à des prix élevés et un terrorisme anéanti, mais au lieu d'investir en cette jeunesse, au lieu d'investir dans les secteurs créateurs de richesses, il a rendu le pays dépendant des importations, hypothéquant l'avenir et asséchant nos ressources minières. L'Algérie est l'un des rares pays où les importateurs ne sont pas obligés de créer des richesses à exporter ! Pour les produits pharmaceutiques, la loi existe sur papier mais rares sont les laboratoires qui produisent ou qui exportent. La gestion de Bouteflika n'a d'ailleurs rien à envier à “l'économie islamique” voire, elle est beaucoup moins intelligente que celle de l'Arabie Saoudite ou des Emirats. Ses différents plans ont consisté à pomper du pétrole pour remplir le couffin, à gonfler les dépenses pour réduire la colère, quitte à rendre le pays à 99% dépendant des recettes non pérennes. Quelle fierté lorsqu'un pays, agricole de surcroît, n'a pas une autosuffisance alimentaire, une autosuffisance en lait, une autosuffisance en médicaments, en vêtements, en produits textiles, en souliers, en ustensiles de cuisine et même en carburant ?
L'économie de bazar qui sous-tend le discours islamiste conforte cette option suicidaire, antinationale que Bouteflika a appliquée depuis 1999 sans qu'un seul parti islamiste dise que c'est une catastrophe. Ils n'ont pas mieux à proposer, et c'est pour cela que le MSP a fait partie de l'Alliance présidentielle. Le bazar de “l'économie islamique” n'a besoin que d'un grand puits de pétrole pour fonctionner, les recettes des hydrocarbures servant à payer les produits importés. Il ne nécessite pas de matière grise pour créer des initiatives et du développement, des usines et des centres de recherche, pour attirer des investisseurs et des touristes, produire afin de satisfaire les besoins nationaux et pour exporter, en n'important que ce que l'on ne peut produire… Bouteflika a appliqué à la lettre le modèle imposé par les USA à l'Arabie Saoudite, aux Emirats et au Qatar pour pomper leurs ressources et les renvoyer à leurs chameaux et leurs guitounes dès que leurs puits de pétrole seront à sec.
La majorité de ceux qui ont donné leur voix au FLN l'ont fait dans un acte désespéré, en connaissant parfaitement l'état de déliquescence de ce parti et des dégâts qu'il a causés, de la corruption qu'il a engendrée, de l'échec économique où il a précipité l'Algérie. Ils connaissaient tout cela mais ils n'avaient pas d'autre choix : le sigle FLN portait encore des symboles à même de promettre un changement vainement cherché ailleurs.
On entend toujours autour de nous des citoyens, pourtant désespérés, dire qu'ils ne veulent rien, juste la paix, la sécurité, pas même un salaire décent, pas même un logement, mais “el hna”, juste un bol d'air non pourri par les tintamarres de la violence. Même le FLN admet que la majorité des votants a commis un vote refuge, un vote du dernier espoir, ou même de désespoir, ou de la dernière chance, en jetant un bulletin dans l'urne comme un naufragé jette une bouteille à la mer. “Le peuple en 1991 a voté une sanction contre le FLN, en 2012 c'est un vote refuge en faveur du FLN”, avoue un ministre de l'Intérieur, satisfait.
Contrairement à ce que pense Ould Kablia, ce résultat ne reflète pas un amour du FLN mais une sanction contre les islamistes et contre les partis démocratiques qui n'ont pas su s'unir ni donner une image digne de formations conscientes du péril, de l'angoisse du peuple, de son besoin d'une voix forte et crédible à qui confier son désarroi, qui soit capable de le sortir de la boue. La majorité de ceux qui ont voté n'a pas eu d'autre choix que de revenir au rafiot du FLN dans l'espoir que ce ralliement au sein d'une seule et même formation soit salutaire, qu'il soit un signe de l'unité du peuple dans un seul désir. Les échecs du FLN sont patents mais il fallait sauver le pays d'une dérive aussi périlleuse que celle de 1991 en jetant ces bulletins comme un cri désespéré.
De plus, le FLN n'appartient pas à Belkhadem et encore moins à Bouteflika ; c'est pour les martyrs qu'il représente et non pour les fossiles qui le squattent qu'il a servi de réceptacle à un terrible appel de détresse.
Enivrés par les victoires de leurs confrères d'Afrique du Nord, les islamistes tablaient donc sur un KO du camp nationaliste et démocratique. Malgré leur échec, ils refusent d'admettre que les victoires tunisienne, marocaine ou égyptienne ne leur appartiennent pas, que l'Algérie est depuis longtemps sortie de la fascination des charmeurs de serpent, des vendeurs de sornettes, des charlatans “détourneurs” de minbars. Leurs prédictions insensées et leurs faux pronostics attestent de leurs capacités à comprendre l'histoire et les phénomènes sociaux. Elles attestent surtout de leur incapacité à faire des prévisions pour gérer ne serait-ce une tribu. C'est mépriser le peuple que de croire lui revendre son islam juste en ajoutant un isme au logo, dévoyant ainsi une tradition plus que millénaire. D'ailleurs, par l'usage du terme islamisme, ce courant viole incessamment la loi algérienne de 2007 qui interdit l'utilisation de la religion à des fins politiques. Heureusement que ce terme semble plutôt servir de repoussoir.
Accusant le pouvoir de fraude, les partis islamistes (de Djaballah, Soltani et Menasra en particulier) brandissent la menace de boycotter l'APN. Tandis que Belkhadem, le barbefelène ou Barbe FLN (1), réveille ses ambitions pour la présidentielle ! Décidément, les citoyens ne sont pas sortis de leurs peines. Aveuglés par leur “victoire” ou leur échec respectifs, les politiques ne semblent pas avoir compris les raisons de la gifle. Ils ne savent pas que si les jeunes ont boycotté et les vieux, voté, ce n'est pas pour offrir un blanc seing ou un quitus aux caciques qui ont saigné le pays.
Le FLN n'a pas à danser mais à pleurer pour avoir encore obligé le peuple de choisir entre la peste et le choléra, cinquante ans après l'Indépendance. La fête ne doit pas lui faire oublier que la situation est grave, avec une économie suspendue aux pipelines et un chômage battant des records. Nul ne l'a plébiscité pour sa faillite. D'ailleurs, en reconnaissant le scrutin comme étant un vote refuge, il admet que ce ne sont pas ses scores qui lui ont valu la “victoire” mais la peur du péril vert. Cette victoire est une défaite, il n'en a pas encore conscience, c'est ce qui est grave car il ne semble pas prêt pour une autocritique.
A. E. T.
(1) Le terme de barbefelène est un néologisme créé par le journaliste Mohamed Hamdi, de “Révolution africaine” en 1984, pour désigner le clan le plus archaïque du FLN et mené par Belkhadem.


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