Liberté : Quelle est votre première impression sur ce séminaire ? Kamel Sadou : Je voudrais d'abord souligner que le débat en soi prouve que la profession, par l'intermédiaire d'une initiative d'un journal, El Khabar, prend en charge un des problèmes fondamentaux du métier, qui est d'en établir les règles. Le second aspect a trait à la qualité des participants. La présence de beaucoup d'éditeurs, de beaucoup d'hommes politiques, même si cela peut s'expliquer par le fait qu'on est en période préélectorale, et surtout des consultants et experts internationaux, peut nous être utile, à travers les informations qu'ils donneront. Cela peut donc nous aider à relativiser nos problèmes et nos expériences. Je dis cela, car souvent, dans la profession, les journalistes et même certains spécialistes de la communication analysent les problèmes de la presse d'une manière trop isolée des phénomènes sociaux que connaît le pays et des tendances de l'évolution mondiale dans la société de l'information. Que retenez-vous le plus de cette rencontre ? Je retiens que les praticiens de la presse passent de la victimisation à la responsabilité. Que voulez-vous dire exactement ? Je veux dire que les déboires, les difficultés et les obstacles qui empêchent une pratique normale et sereine du journalisme en Algérie ne sont pas de la seule responsabilité du pouvoir, mais aussi des insuffisances et des défauts de la corporation et des éditeurs. Je veux également dire que la presse est en train de poser les termes de sa propre édification, dans la mesure où les journalistes pensent à balayer devant leur porte et d'envisager leur relation avec les pouvoirs, non pas en termes de quémandeurs, mais en termes de partenaires incontournables, avec lesquels il faut négocier sérieusement pour l'octroi d'aides, pour élaborer les cadres juridiques et réglementaires de l'activité journalistique. Je considère, par ailleurs, que cette rencontre est un acte de maturité. Cela dit, ce n'est pas une finalité, car le chemin à parcourir reste encore long. Que pensez-vous de l'absence des autorités à ce séminaire ? L'absence des autorités algériennes confirme mon analyse. Je veux dire par-là que l'existence d'une presse indépendante doit émerger comme une exigence de la société et un besoin social. Elle n'a besoin ni du parrainage des autorités ni de leur présence. C'est à cette presse de s'organiser, de se mettre en formation de bataille, d'arracher au pouvoir davantage de moyens et de liberté. H. A.