Dans leur majorité, les partis adhèrent à cet amendement de la loi organique et estiment qu'il est à même d'éviter la fraude électorale. La proposition de révision de la loi électorale soumise à la commission juridique semble recueillir le consensus au sein de la classe politique. Le parti d'El-Islah, à l'origine de cette proposition, estime que celle-ci est venue “essayer de mettre un terme à la fraude électorale”. Parmi les articles introduits dans ce projet de loi, il y a la suppression des bureaux spéciaux. Tous les corps constitués, à savoir les militaires et autres membres de sécurité, doivent voter dans les localités de leur résidence, en dehors des sièges de leurs cantonnements. M. Kadri, député du parti de Djaballah, l'affirme : “Cette nouvelle loi, si elle venait à être adoptée, donnerait la place qu'il faut au militaire dans la société pour contribuer aux choix de ses représentants à tous les niveaux de la vie politique. Cela permettra aussi aux partis politiques engagés dans les batailles électorales d'avoir une meilleure approche par rapport aux résultats, car, il faut le dire, nous n'avons aucun droit de regard sur les résultats du vote des corps constitués.” Cet élu soulève, également, le problème du nombre d'électeurs qu'il estime trop élevé : “Dans la plupart des pays, le nombre d'électeurs est d'une moyenne de 40% par rapport à la population. En Algérie, ce taux a toujours été gonflé. Aujourd'hui, il est estimé à 17 millions alors que la population atteint 31 millions, ce qui dépasse largement le taux de 50%.” Ce qui a amené aussi ce parti à introduire un article qui oblige l'administration à mettre le fichier électoral à la disposition de tous les partis engagés dans les élections. Pour M. Fardjallah, premier vice-président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), la révision de la loi électorale est plus que jamais nécessaire car, selon lui, l'Algérie ne survivra pas à une fraude électorale de plus. “L'un des marasmes sociaux et politiques qui font qu'il y a un divorce entre la société et les gouvernants réside dans le fait que les institutions sont le résultat de malversations électorales récurrentes. Les conditions minimales pour un scrutin crédible et transparent doivent répondre au préalable de la présence des observateurs internationaux en nombre suffisant, pour éviter la présence symbolique qui ne fait que cautionner les fraudes”, estime le premier vice-président du RCD. Le vote des corps constitués dans les bureaux des lieux de leur résidence est considéré aussi par le parti de Saïd Sadi comme une nécessité pour la crédibilité du scrutin, car le pouvoir joue comme il veut avec les voix des citoyens. “On se souvient tous des élections de 1995, où le nombre des électeurs est passé du jour au lendemain de 14 millions à 16 millions”, déclare M. Fardjallah. Par ailleurs, ce dernier estime que si le trio actuel Ouyahia-Zerhouni-Belaïz (ministre de la Justice) demeure en poste, le prochain scrutin ne sera pas crédible, car, selon lui, l'état-major de la fraude est en place. Pour sa part, M. Mekhalif, chef du groupe parlementaire du FLN, souligne que son parti a toujours été un fervent partisan de la révision de la loi électorale et que le MRN n'a fait que reprendre l'essentiel de ses idées. Il dément les accusations du parti de Djaballah, selon lesquelles son parti se serait opposé à cette révision. Il est à rappeler que le FLN avait rejeté l'amendement de l'article relatif au vote des corps constitués au sein de la commission. “Il faut qu'il comprenne que les amendements sont examinés et discutés article par article par nos députés et qu'une première lecture est soumise à l'appréciation du parti. Nous avons été les premiers à avoir proposé le projet de loi pour la révision des codes de commune et de wilaya qui doivent être examinés prochainement en commission juridique”, a-t-il ajouté. Pour le MSP, cette révision a été toujours une revendication qui a malheureusement été toujours bloquée. Le RND refuse de donner sa position avant la tenue de la réunion de son bureau politique. M. B.