Le jury du Festival a dévoilé son palmarès en attribuant le premier prix (largement mérité) à Gnawi El Ouaha qui avait offert la veille un spectacle parfaitement maîtrisé, mené par maâlem Hakem qui a reçu le prix du jury du meilleur joueur de guembri, ex æquo avec Nassim Chettouhi de Diwane El Bahdja. Le Festival national de la musique diwane de Béchar, qui a duré sept jours, du 18 au 24 mai, a pris fin, jeudi soir au stade En-Nasr, en présence d'un public nombreux, de la représentante de la ministre de la Culture, du wali de Béchar, Abdelghani Zaâlane, et des autorités locales. Le dispositif sécuritaire était très (trop !) renforcé en raison de la présence du wali qui a, d'ailleurs, été honoré par le festival ! Lahcène Moussaoui, président du jury pour la deuxième année consécutive, a émis quelques remarques qui peuvent être considérées comme des recommandations. Il a surtout insisté sur le fait que le diwane n'est pas uniquement un genre musical compte tenu de son ancrage dans une culture profondément marquée par des rites, des coutumes et des traditions ancestrales. M. Moussaoui mettra l'accent également sur la dimension spirituelle du diwane, tout en exprimant le point de vue de son jury quant à la modernité dans le diwane ; une modernité qui ne doit pas affecter le genre musical ou la culture elle-même. Comme le festival en est à sa sixième édition, le président du jury, qui a déclaré que le festival doit songer à passer à une autre étape, a souhaité que le commissariat du festival puisse organiser des présélections régionales. L'animateur de la soirée a ensuite révélé le palmarès du jury. Et c'est Gnawi El Ouaha de Béchar qui a obtenu le premier prix. Un prix largement mérité pour une troupe qui a subjugué les spectateurs la veille (soirée de mercredi) avec un spectacle parfaitement maîtrisé, durant lequel le maître de cérémonie maâlem Hakem a repris quelques célèbres bordj, notamment Ya Rassoul Ellah, Laâfou ou encore Sergou. La deuxième place est revenue à Diwane El Bahdja d'Alger : une formation algéroise qui s'illustre dans le diwane, et qui a eu la lourde tâche d'ouvrir le bal de la compétition, vendredi dernier. La particularité de ce jeune groupe est sa manière décomplexée de faire du diwane. C'est d'autant plus intéressant que les membres de la formation ne sont pas des diwanes et qu'ils ont appris cette musique par passion. Le troisième prix est revenu à Nora Gnawa de Béchar qui a mis le feu au stade En-Nasr avec son répertoire qui se base sur le mode hidousse (largement pratiqué dans la wilaya de Béchar). Nora Gnawa prend le premier mot d'un “bordj” (morceau) célèbre et élabore un nouveau texte. C'est peut-être cela sa particularité, mais son style se rapproche davantage aujourd'hui de la variété que du diwane. Durant la soirée de clôture, maâlem Mohamed Bahaz, 72 ans, doyen du festival, a été honoré. Il est dommage que sa formation composée de membres de sa famille et de jeunes du groupe Africa Chmel – qui ont rejoint récemment la formation de Diwane Gnawa de Blida – n'ait rien obtenu, mais l'hommage du festival à maâlem Bahaz est un très beau geste. En outre, le prix du jury qui récompense le meilleur joueur de guembri a été attribué ex æquo à maâlem Hakem Abdellaoui (Béchar) et Nassim Chettouhi. Largement mérité, certes, pour les deux musiciens qui ont montré leurs aptitudes durant leurs shows, mais il serait intéressant que le festival songe à intégrer un maâlem dans le jury. Qui mieux qu'un joueur de guembri (un maâlem donc) peut juger de la capacité d'un autre sur cet instrument ? Par ailleurs, au début de la soirée, la formation Serouia a présenté un récital, avant de céder la scène à trois formations qui ont bénéficié de master class durant le festival : Gnawi El Ouaha, Diwane El Bahdja et Tourat Gnawa d'Oran. Les trois formations ont interprété, entre autres, Sidi Lyoum (bordj koyo) et Baba Nouari. Et c'est ainsi que se termina le Festival national de la musique diwane de Béchar, en attendant l'année prochaine, et en espérant que d'ici là, Béchar aura son théâtre de verdure. PALMARES Premier prix : Gnawi El Ouaha (Béchar) Deuxième prix : Diwane El Bahdja (Alger) Troisième prix : Nora Gnawa (Béchar) Prix du jury (meilleur joueur de guembri) ex æquo : maâlem Hakem (Béchar), Nassim Chettouhi (Alger) Hommage : maâlem Mohamed Bahaz S. K.