Comme prévu par les observateurs de la scène russe, les partis politiques favorables à Vladimir Poutine, à l'image de l'Edinaïa Rossia avec ses 36,5% des suffrages, seront majoritaires à la chambre basse, confirmant l'emprise du président de la Russie sur le pays. Rien ne peut désormais contrecarrer les ambitions de Vladimir Poutine. La Douma est maintenant à ses ordres. Le peu de résistance représenté auparavant par les communistes et les libéraux au niveau de la Douma vient d'être balayé par les élections législatives de dimanche. Edinaïa Rossia, ou “Russie unie”, du ministre de l'intérieur Boris Gryzlov, a remporté, conformément aux prévisions des analystes, haut la main le scrutin avec 36,5% des voix. Il dépasse ainsi les sondages les plus optimistes qui le créditaient d'un maximum de trente pour cent. Ce parti de création récente devient la première force politique de Russie, contre toute attente. Rassemblant tous les “apparatchiks” de l'Etat, Edinaïa Rossia est bien parti pour faire la pluie et le beau temps en Russie pendant longtemps encore, aux côtés du patron du Kremlin, qui s'est ainsi assuré un allié de choix. Avec ce résultat inespéré, auquel s'ajoutent les partis “satellites”, dont celui des ultranationalistes, la formation du ministre de l'intérieur détient une majorité absolue qui lui permettra de faire passer aisément tout ce que ordonnera Vladimir Poutine. La victoire est doublement satisfaisante dans la mesure, où les adversaires directs, à savoir le parti communiste et les libéraux, ont totalement sombré. Avec à peine 13% des suffrages pour les communistes et moins de 5% pour le parti libéral, ces deux formations politiques ne constituent plus une menace pour Poutine. Ces scores sont très en deçà des prévisions des leaders de ces partis, qui ne s'attendaient certainement pas à un tel naufrage. En effet, on est très loin des 25% qu'accordaient les sondages au PC, par exemple. Cette chute brutale est somme toute logique pour le parti communiste en déclin avec une base populaire vieillissante et nostalgique surtout de la grande URSS. L'éclatement de cette dernière s'est inévitablement répercuté sur le parti communiste, qui s'est également effondré. Ainsi, les communistes qui ont vainement tenté jusque-là de s'opposer aux réformes de Vladimir Poutine, ne feront à l'avenir que de la figuration à la chambre basse avec leur représentation fort limitée. La voie est désormais grande ouverte devant le président russe pour lancer ses grandes réformes. Il attendra certainement le mois de mars prochain au cours duquel il s'assurera un nouveau mandat présidentiel de cinq ans pour entamer son grand chantier. Tout indique que Vladimir Poutine, dont le taux de popularité avoisinait les quatre-vingt juste avant ces élections législatives, prolongera son règne au Kremlin de cinq nouvelles années. Ce qui l'inquiétait d'ailleurs le plus, ce sont ces élections législatives et non la présidentielle du 14 mars prochain, qui lui sont promises bien à l'avance. La question qui s'impose maintenant est de savoir ce que fera l'homme fort de Moscou avec une Douma à ses ordres. Dans un pays habitué aux longs règnes de ses présidents, il est évident qu'il se chargera de se “tailler” une constitution sur mesure pour agir par la suite à sa guise. K. A.