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Conférence à l'Institut Français
Un article de loi à l'épreuve de la mémoire
Publié dans Liberté le 31 - 05 - 2012

Invité, mardi, par l'Institut français, Romain Bertrand, directeur de recherche à Sciences-Po Paris, est revenu sur la loi française du 23 février 2005 et notamment sur le désolant article 4.
M. Bertrand analyse le long processus qui a mené à son adoption, et qui permet de “prendre la mesure d'une très profonde transformation de l'espace politique français”.
“La loi française portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés” est publiée au Journal officiel français le 23 février 2005. Son article 4, qui stipule que “les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord”, a suscité en France et en Algérie des débats houleux. Le chercheur refuse la thèse “commode”, “trop simpliste” du “complot pied-noir” selon laquelle “des associations de défense de l'Algérie française auraient dévoyé la représentation nationale”. Qu'il existe des associations demandant la valorisation de la présence française outre-mer est un fait, mais ce n'est pas le cœur du problème. “Le vrai objet du questionnement c'est pourquoi, à un certain moment, certains députés acceptent de porter ces demandes et de s'en faire les relais politiques à l'Assemblée nationale”. Le vote de cette loi reflète une évolution idéologique des partis politiques français qui acceptent à un moment donné de relayer la parole de ces lobbies. L'article 4 n'est pas simplement “une boutade” contingente ou encore, selon le mot que l'on attribue à Chirac, alors président, “une connerie”. Il est le résultat d'“un long processus parlementaire”, d'une longue maturation. Initialement, le projet de loi doit régler le problème des compensations financières versées aux “rapatriés”. Cependant, au fil des commissions, le projet se gonfle d'une dimension éducative. Le projet vise, quand il est voté, à valoriser la colonisation par l'école, et donc à instrumentaliser l'Histoire. Des députés ont porté ce projet et y ont engagé leur responsabilité. Romain Bertrand se penche sur leur profil caractéristique. Georges Fenech, Christian Kert, Jean Leonetti ou Thierry Mariani sont issus de “la vague bleue de 2002”. Ils relèvent d'une génération qui n'a pas vécu la colonisation et qui ne se reconnaît pas dans “les lignes de fixation des tabous de la guerre”. Ils appartiennent au renouvellement générationnel du RPR devenu UMP, renouvellement qui a par la suite permis l'accession au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Ces députés formeront d'ailleurs sa garde rapprochée et suivront son tournant autoritaire. M. Bertrand nous révèle ainsi un renversement idéologique important en France : la question “des rapatriés” n'est aujourd'hui plus soutenue par la gauche française, comme sous Mitterrand, mais par une droite qui rompt avec le gaullisme. De Gaulle voyait dans les membres de l'OAS ses pires ennemis ; l'article 13 de la loi du 23 février les amnistie. La responsabilité de cette loi incombe non à la pression d'associations mais à l'arrivée au pouvoir d'une nouvelle droite française. L'article 4 de la loi a été supprimé, l'article 13 a été conservé. Le quinquennat de Nicolas Sarkozy nous confirme que la droite se fait le héraut des harkis et des pieds-noirs, fait inédit en France. Comme le suggère Romain Bertrand, l'élection récente de François Hollande et le succès annoncé du Parti socialiste aux élections législatives nous laissent espérer un renouveau des relations franco-algériennes, évinçant du pouvoir cette droite autoritaire. Le salut des relations franco-algériennes réside dans la promotion d'une histoire “objective et nourrie”, “à parts égales” entre les deux pays, et, surtout, dans le rejet catégorique de toute politisation de l'Histoire. Sur les deux rives de la Méditerranée, la politique doit refuser d'instrumentaliser la mémoire des peuples. À la question de savoir si l'écriture d'une histoire pacifiée des relations franco-algériennes est possible, M. Bertrand a répondu clairement : “Non.” Ecrire une histoire pacifiée serait nier l'Histoire. Romain Bertrand s'inscrit dans une nouvelle génération d'historiens qui ose enfin affronter les tabous français. “Une histoire pacifiée appliquée à une situation de guerre n'est pas souhaitable.” “La guerre pour l'Histoire, la paix pour les mémoires.”
M C
À lire : Romain Bertrand, Mémoires d'empire. La controverse autour du fait colonial, Bellecombe-en-Bauges,
Editions du Croquant, 2006.


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