Cette fois-ci, la contestation à l'actuelle direction du RND n'a pas pu être contenue en intra-muros. Ses principaux instigateurs, Nouria Hafsi, l'ancien sénateur Belkacem Benhassir et le P/APC d'Alger-Centre Tayeb Zitouni ont profité de la présence des journalistes pour perturber le début des travaux du conseil national du Rassemblement. Jeudi, 9h, la grande salle du Centre de repos de la mutuelle des travailleurs de Zéralda se remplit peu à peu des membres du conseil national du RND, invités à assister à la 6e session ordinaire de cette instance organique. Une demi-heure plus tard, le secrétaire général du parti, Ahmed Ouyahia, fait son entrée sous les applaudissements de l'assistance. Une fois le rituel de l'ouverture de la session (hymne national et observation d'une minute de silence à la mémoire des disparus dont deux cadres du RND), Ahmed Ouyahia soumet le projet de l'ordre du jour au vote. À ce moment-là, Belkacem Mellah demande un point d'ordre. Il invoque l'article 50 du règlement intérieur du parti, portant sur le renouvellement du bureau politique. Nouria Hafsi, l'ancienne secrétaire générale de l'Union nationale des femmes algériennes (UNFA) et précédemment membre du BP du RND, sollicite à son tour la parole pour exiger la lecture, séance tenante, d'un communiqué du “mouvement de protection du Rassemblement national démocratique”, sorte de mouvement de redressement. Ahmed Ouyahia refuse de leur accorder ce droit au motif qu'il est prévu, dans l'ordre du jour de la présente session du conseil national, un débat sur la situation interne au parti. Il s'en suit un brouhaha indescriptible quand Belkacem Benhassir, ancien sénateur, entame, malgré tout, la lecture du communiqué. Ouyahia l'arrête disant que “le conseil national est un espace de libre expression. Il n'est pas utile d'ouvrir le champ aux surenchères”. Il souhaite, en réalité, débattre de la crise naissante au sein de son parti, à huis clos, loin des oreilles indiscrètes des gens de la presse. Cela n'arrange pas les projets de ses détracteurs, qui veulent, au contraire, médiatiser leur démarche. Les journalistes sont invités à quitter la salle dès la fin du discours inaugural du patron du Rassemblement. Ils sont suivis, à l'extérieur, par Mme Hafsi et de ses alliés dans la fronde. Elle rend aussitôt public le communiqué dans lequel il est dénoncé une gestion catastrophique du parti, ainsi que la généralisation de la pratique de cooptation, de l'exclusion, de l'absence de dialogue… “Le parti est entré dans une phase de réanimation après qu'il s'est vidé de centaines, voire de milliers de ses cadres et militants”, écrit-on. On parle “de résultats médiocres” obtenus à l'issue des législatives du 10 mai 2012 en raison de “la mauvaise prestation de la direction du Rassemblement, à leur tête, le secrétaire général”. À ce titre, les animateurs du mouvement de redressement appellent à l'organisation d'un congrès extraordinaire avant les prochaines élections locales, la refondation du parti, la réhabilitation de l'élite marginalisée… Au moment où Mme Hafsi s'entretenait avec les représentants de la presse, des fidèles à Ahmed Ouyahia scandaient son nom à tue-tête. Une intrusion qui n'a pas agréé l'autre camp. La tension monte d'un cran et dégénère en une échauffourée entre partisans et opposants à M. Ouyahia. Quelques cadres du parti s'attellent alors à calmer les esprits. “La députation est la cause majeure de la protestation. Ceux qui n'ont pas été mis sur les listes électorales n'ont pas admis leur éviction”, affirme un responsable du RND. Abdeslam Bouchaoureb, député et chef de cabinet de Ahmed Ouyahia, affirme que le jeune homme, qui a provoqué la bagarre, œuvre à chaque session du conseil national à créer des problèmes et perturber le déroulement de ses travaux. “Ce n'est même pas un militant du parti”, précise-t-il. Ahmed Ouyahia est sorti du contexte de son discours pour reconnaître la légitimité de la critique constructive. “Vous pouvez vous exprimer librement, mais je ne tolérerai pas de dérapages”. Il ne manque pas néanmoins d'acculer ses détracteurs. “Celui qui n'a jamais dirigé ne peut pas mesurer le poids de la responsabilité”. S H