La Russie ouverte à un départ d'Al-Assad ! Trop dans la répression en Syrie, c'est trop ! Sous pression pour lâcher son allié syrien, la Russie est-elle en train de céder? Moscou a fait savoir qu'il ne considérait pas le maintien au pouvoir du président syrien comme une condition préalable au règlement du conflit. Le Kremlin, allié indéfectible de Damas depuis le début de la révolte des populations syriennes, s'est montrée mardi ouvert à un départ du pouvoir du président Bachar Al-Assad, réclamé par l'opposition. “Nous n'avons jamais dit ou posé comme condition qu'Al-Assad devait nécessairement rester au pouvoir à la fin du processus politique”, a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov, au moment où le président russe, Vladimir Poutine, se trouvait à Pékin, l'autre verrou du Conseil de sécurité hostile à toute résolution contraignante contre le régime syrien. La Russie et la Chine étaient jusqu'ici opposées à toute intervention armée, ainsi qu'au renversement par la force du président Al-Assad ; elles ont opposé leur veto à deux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant le régime syrien pour la répression de la révolte lancée en mars 2011. Sur le terrain, Damas a autorisé ce même jour l'ONU et des ONG à apporter de l'aide humanitaire aux insurgés, comme stipulé par le plan Annan, dans quatre provinces. Après des missions de reconnaissance dimanche, des organisations humanitaires pourront s'installer à Homs, Idleb, Deraa et Deir Ezzor, pour distribuer une aide alimentaire et médicale. Mais, Damas a déclaré dans le même temps persona non grata les ambassadeurs de plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis et la France, pour riposter au renvoi des ambassadeurs syriens. Pour le Conseil national syrien, principale coalition de l'opposition, Bachar Al-Assad joue la montre. Le CNS a jugé fin mai que le départ du président Al-Assad était le seul moyen de sauver le plan de l'émissaire de la Ligue arabe et de l'ONU Kofi Annan, faute de quoi la situation risque d'exploser et menacera toute la région. Avant sa visite en Chine, où la crise syrienne a été également à l'ordre du jour, Poutine devait encore mesurer le poids de la réprobation internationale à l'égard des autorités de Damas lors de ses virées à Berlin et Paris mais surtout à l'occasion du sommet UE-Russie qui s'est tenu à Saint Petersburg. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a encore exhorté Moscou et Pékin à contribuer à une solution au règlement du conflit. “Je pense qu'il est assez clair que nous devons tous intensifier nos efforts pour accélérer la transition politique, et cela doit être la principale préoccupation de notre diplomatie”, a-t-elle insisté. Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud Al-Fayçal, a lui aussi appelé la Russie à passer du soutien au régime syrien à une action en faveur de l'arrêt des combats et d'une transition politique pacifique en Syrie, assurant que ce changement de position lui permettrait de sauvegarder ses intérêts en Syrie et dans le monde arabe. Le prince Saoud a aussi appelé les monarchies du Golfe à se mobiliser pour aider les Syriens à se défendre face à la machine de mort du gouvernement de Damas. Selon diplomates et experts, Kofi Annan, qui doit s'adresser aujourd'hui au Conseil de sécurité et à l'Assemblée générale de l'ONU, commence à entrevoir l'échec de son plan et souhaite que la communauté internationale pèse de tout son poids pour faire respecter ce plan ou qu'elle trouve un “plan B”. Un plan de sortie comme au Yémen ? Fin mai, le New York Times avait rapporté que l'administration du président américain Barack Obama voulait s'allier à la Russie pour travailler à un plan prévoyant le départ en douceur de Bachar Al-Assad. Il s'agirait de calquer ce plan sur la transition qui a mis fin à la présidence du Yéménite Ali Abdallah Saleh, après trente-trois ans de pouvoir, en février. Certains membres du régime syrien, qui réprime dans le sang un mouvement de contestation depuis un peu plus d'un an, resteraient en place. Barack Obama et Vladimir Poutine devraient discuter de ce projet lors de leurs premiers entretiens depuis l'investiture du président russe, qui auront lieu dans le cadre du G20 les 18 et 19 juin à Mexico.