La Russie n'a jusqu'ici jamais voulu infléchir son soutien à son allié syrien, même si elle s'est défendue à plusieurs reprises de soutenir le pouvoir personnel de Bachar Al Assad. La Russie, un allié indéfectible de Damas depuis le début de la révolte, semble moins attachée au maintien au pouvoir du président syrien Bachar Al Assad, mais conserve sa ligne dure à l'égard des opposants au régime, au grand dam de l'Occident qui presse Moscou d'infléchir sa position. La diplomatie russe a exprimé ces derniers mois une certaine indifférence à l'égard du sort du président Assad, et lui a reproché d'avoir trop tardé à appliquer des réformes en vue de mettre fin aux violences en Syrie. Mardi, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Guennadi Gatilov est allé plus loin, laissant explicitement entendre que Moscou pourrait lâcher le président syrien: «Nous n'avons jamais dit ou posé comme condition qu'Assad devait nécessairement rester au pouvoir à la fin du processus politique», a-t-il dit. La Russie n'a jusqu'ici jamais voulu infléchir son soutien à son allié syrien, même si elle s'est défendue à plusieurs reprises de soutenir le pouvoir personnel de Bachar Al Assad. Aux yeux de certains experts, Moscou pourrait lâcher le chef de l'Etat syrien, considéré par l'opposition en Syrie et les Occidentaux comme le principal obstacle à un règlement politique, sans pour autant lâcher le régime syrien. «Assad est passé au second plan, et c'est maintenant la question syrienne qui est une affaire de principe», explique l'analyste Alexeï Malachenko, de l'antenne du Centre Carnegie à Moscou. «La Russie n'arrive pas à obtenir quelque chose de lui, il n'écoute pas et pousse la Russie à la confrontation avec l'Occident», que Moscou ne souhaite pas, ajoute M.Malachenko. Parallèlement, la Russie maintient sa ligne dure en refusant toute sanction visant le régime syrien et a déjà bloqué - avec son allié chinois - deux résolutions proposées par les Occidentaux au Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression en Syrie. A l'issue, hier, d'une visite à Pékin du président Vladimir Poutine, la Russie et la Chine se sont déclarées «résolument opposées à des tentatives en vue de régler la crise en Syrie par le moyen d'une intervention militaire étrangère, de même qu'en vue d'imposer (...) un changement de régime». Alors que la communauté internationale, divisée, cherche toujours des moyens de faire pression sur le régime syrien, l'Arabie saoudite, chef de file des monarchies du Golfe, a appelé mardi à son tour la Russie à cesser de soutenir le régime de Damas et à favoriser une transition politique pacifique. Mais Moscou estime que l'opposition au régime est composée au moins en partie de terroristes et que la communauté internationale devrait insister sur l'application du plan de sortie de crise de l'émissaire de l'ONU, Kofi Annan, resté jusqu'ici lettre morte. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, qui accompagne le président Poutine en Chine, a mis en garde hier contre les conséquences d'une éventuelle intervention extérieure en Syrie. «(Les groupes de l'opposition) en dehors de la Syrie appellent de plus en plus la communauté internationale à bombarder le régime d'Assad, à renverser le régime. C'est très risqué, je dirais même que cela peut conduire la région à la catastrophe», a déclaré M.Lavrov. La Ligue arabe a demandé samedi à l'ONU de fixer un calendrier pour l'application du plan Annan et de recourir au chapitre VII de sa charte, prévoyant la rupture des relations diplomatiques ainsi que la possibilité d'un usage de la force en cas de menaces contre la paix. La Russie, tout comme la Chine, redoute un scénario libyen. Moscou avait donné son feu vert aux frappes de l'Otan en Libye avant de juger que les forces occidentales avaient outrepassé leur mandat consistant à protéger les populations civiles.