Moscou et Pékin, alliés du régime syrien, ont fait savoir hier leur franche opposition à toute «intervention» et tout changement de régime en Syrie. Des déclarations qui surviennent à quelques heures de l'ouverture d'une réunion à Istanbul de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, avec les alliés turcs, français et britanniques des Etats-Unis ainsi qu'avec certains ministres arabes pour parler du dossier syrien, selon des sources diplomatiques turques. «La Russie et la Chine sont résolument opposées à des tentatives en vue de régler la crise en Syrie par le moyen d'une intervention militaire étrangère, de même qu'en vue d'imposer un changement de régime», ont affirmé ces deux pays dans un communiqué commun à l'issue de la visite du président Vladimir Poutine. Accompagnant M. Poutine à Pékin, son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov a averti qu'un changement par la force du régime pourrait conduire la région à une «catastrophe», jugeant «très risqué» que l'opposition «appelle de plus en plus la communauté internationale à bombarder le régime d'Assad, à renverser le régime». La Chine et la Russie ont en outre demandé une nouvelle conférence internationale sur la Syrie pour «se mettre d'accord pour suivre, honnêtement et sans ambiguïtés, le plan» de l'émissaire international Kofi Annan, prévoyant un cessez-le-feu et un dialogue politique, mais resté lettre morte. Cette position sino-russe souligne, une fois de plus, que la communauté internationale ne parvient pas à surmonter ses divisions sur le dossier syrien. Moscou et Pékin rejettent toute ingérence dans les affaires syriennes alors que les Occidentaux et certains pays arabes veulent une transition politique devant aboutir au départ du président Bachar al-Assad. M. Annan doit s'adresser jeudi au Conseil de sécurité et à l'Assemblée générale de l'ONU, mais selon des diplomates il commence à entrevoir l'échec de son plan et souhaite que la communauté internationale pèse de tout son poids pour le faire respecter ou trouver un «plan B». Pékin et Moscou sont les principaux soutiens du pouvoir, opposant leur veto à deux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant le régime Assad. Ce dernier est confronté depuis mars 2011 à une contestation marquée pendant des mois par des manifestations pacifiques avant de se militariser. Sur le plan de politique intérieure, M. Assad a désigné hier, le ministre de l'Agriculture, Riad Hijab, pour former un gouvernement après les législatives du 7 mai remportées par le parti Baas au pouvoir depuis près de 50 ans et raillées par la communauté internationale. Riad Hijab, ancien ministre de l'Agriculture, remplace Adel Safar, qui avait été désigné en avril 2011 chef du gouvernement, un mois après le début du soulèvement populaire contre le président al-Assad, au pouvoir depuis 2000. Cette nomination, soulignent les observateurs de la scène syrienne ne devrait pas avoir d'incidence sur la gestion de la crise. Celle-ci reste du ressort du Président Bachar al Assad et son proche entourage. Sur le plan humanitaire, des avancées positives ont été enregistrées. L'ONU a annoncé mardi que le gouvernement syrien a, pour la première fois depuis le début de la crise en mars 2011, autorisé la distribution de l'aide humanitaire des agences des Nations unies et de plusieurs ONG sur quatre sites à travers le pays. R. I