La session ordinaire du comité central (CC) du Front de libération nationale (FLN), prévue les 15, 16 et 17 juin prochains à l'hôtel Ryad, s'annonce des plus houleuses. Une importante contestation ausein de cette instance décisionnelle entre les deux congrès jure que “Belkhadem ne restera pas à la tête du parti”. C'est ce que promet sur un ton à la fois ferme et assuré Med-Seghir Kara, ancien ministre du Tourisme et ex-député de Bouira. Cet ancien ambassadeur, qui dit s'exprimer en tant que membre du comité central et non au nom du mouvement de redressement du FLN, estime qu'il est “impossible à Belkhadem de continuer”. “Il partira inévitablement le 15 juin, sinon nous assiégerons le siège du parti”, lance-t-il sur un ton déterminé. Car “Belkhadem n'est pas seulement un danger pour le parti, mais aussi un danger pour le pays”, dit-il le plus sérieusement du monde. Son argument ? “Il est actuellement question d'importantes mutations et transformations tant au niveau national qu'international et nous devons, en tant que parti majoritaire, être à la hauteur de ces défis. Belkhadem a démobilisé les citoyens ainsi que les cadres du parti, il a rabaissé le niveau des militants, il a décomposé le parti”. Mais pas seulement. La contestation au sein du CC exprime trois autres reproches à Belkhadem : il a dévié idéologiquement, politiquement et organiquement. Le reproche idéologique consiste en ce qu'il a ramené “le sigle du congrès au Soudan. C'est-à-dire qu'il a donné au parti une empreinte islamiste et idéologique”, note Kara. Sur le plan politique, Belkhadem a dévié en adoptant “l'organigramme du parti national égyptien dans lequel il y a un secrétariat des hommes d'affaires”, dit-il sachant que “le FLN est un parti centriste, il représente les couches sociales moyennes”. “Ainsi, Belkhadem a intégré au sein du parti les détenteurs de l'argent”, dit-il précisant que “les têtes de liste doivent ramener beaucoup d'argent”. La dérive organique imputée à Belkhadem est sa violation des statuts et du règlement intérieur du parti : “lors des élections des kasmate et des mouhafadhate, il n'y a pas eu d'assemblées générales et cela est contre les statuts. De même qu'au dernier congrès, il a ramené des invités qui n'ont jamais été militants et qui sont maintenant membre du CC”. “Les kasmate sont fermées et la majorité des députés actuels ne sont pas du parti.” L'autre reproche formulé contre le SG de la formation majoritaire est son ambition de présidentiable pour 2014. “Il est en train de changer la composante du parti en misant sur la quantité au lieu de la qualité pour que les gens le plébiscitent et c'est tout !” “C'est pour cela que s'en est fini pour Belkhadem”, jure Kara. Aussi et à propos du mode opératoire des contestataires pour faire partir le SG du parti, il consiste à faire un point d'ordre à l'ouverture des travaux du comité central pour inscrire à son ordre du jour un point crucial : “Le retrait de confiance à Belkhadem”, explique Kara. “Avant, Belkhadem nous disait venez si vous avez le CC avec vous et le 15 juin on ira avec ce CC le faire descendre de son siège”, dit-il précisant qu'à la dernière rencontre de la contestation, le 19 mai, 210 membres du CC ont défié Belkhadem. “Cette fois-ci, il y en aura plus”, dit-il arguant que “si on utilise l'urne même les membres du bureau politique voteront contre Belkhadem”. Cependant, devant l'enthousiasme débordant de la contestation, la direction du parti ne veut pas communiquer. Elle se réserve le droit de suivre un ordre du jour bien tracé à l'ouverture des travaux de la session. “Nous avons quatre points à l'ordre du jour du CC : il est question du rapport d'activité du 1er semestre 2012, de l'évaluation des législatives du 10 mai, de la présentation du bilan financier pour 2011 ainsi que le débat autour des questions internes.” C'est ainsi qu'a répondu Kassa Aïssi, membre du bureau politique et responsable de la communication au parti à la question de savoir comment la direction compte contrer le point d'ordre que les contestataires veulent inscrire à l'ouverture des travaux du CC. “Et c'est le bureau du CC qui adoptera l'ordre du jour”, tient-il à préciser avant d'indiquer qu'il sera question d'un tri à l'entrée de l'hôtel Ryiad des membres du CC. Autrement dit, “tous les gens qui se sont inscrits sur d'autres listes électorales ainsi que ceuxqui sont partis pour d'autres partis ne seront pas admis au CC”, avertit Aïssi. À la question de savoir quelle attitude adoptera la direction par rapport à la contestation, Aïssi indiquera : “Si quelqu'un a quelque chose à dire, il le fera dans le cadre des structures du parti.” Aussi et dans le cas où les contestataires du comité central insistent sur le départ du SG, Aïssi fera remarquer qu'“il y a des mécanismes prévus pour ça”. “Nous utiliserons les dispositions et les procédés à ce propos contenus dans les statuts”, précise-t-il. À suivre ! N.M