M. Messahel a déploré que les efforts entrepris par les pays du champ pour mettre en place une stratégie commune avec des mécanismes de lutte contre le terrorisme soient “contrariés par les événements qui ont eu lieu au Mali”. Alors que l'Union africaine, la Cédéao, les pays du champ, le forum mondial contre le terrorisme se démènent pour trouver une issue à la crise malienne, le nord de ce pays connaît des développements dangereux depuis ce week-end avec les affrontements à Kidal, dans la nuit de jeudi à vendredi, entre le MNLA et Ançar Edine. La majorité des observateurs et membres des organisations impliquées dans cette question voient en le retour à l'ordre constitutionnel la clé de la solution à la crise qui secoue le Mali depuis le coup d'état contre ATT. Le nord Mali étant tombé entre les mains du MNLA et des groupes islamistes Aqmi, Mujao et Ançar Edine, le sud n'a pas retrouvé sa stabilité malgré le protocole d'accord signé entre la Cédéao et la junte putschiste pour l'amorce d'une transition. Au moment où l'UA se penche sur une éventuelle saisine du conseil de sécurité de l'ONU pour une intervention militaire, le forum mondial contre le terrorisme, co-présidé par l'Algérie et le Canada, tient son sommet en Turquie avec à l'ordre du jour la situation au Nord du Mali où la situation, déjà assez dégradée, s'est davantage compliquée avec les représailles contre les manifestants qui ont dénoncé la présence des groupes islamistes armés dans la région. Le ministre algérien chargé des affaires maghrébines et africaines a plaidé, à l'ouverture des travaux du forum, jeudi à Istanbul, pour le renforcement des capacités des pays du sahel à répondre à la menace qui persiste. Ceci en dégageant “des créneaux concrets pour renforcer les capacités des pays de la région dans la lutte contre le terrorisme et le crime transnational organisé”. “Nous avons très nettement perçu cette volonté d'accompagner les pays de la région lors de la conférence d'Alger de septembre 2011 sur le partenariat, la sécurité et le développement au Sahel, qui a jeté les bases du partenariat et l'a défini tout en le structurant dans l'architecture des Nations unies de lutte contre le terrorisme, le crime transnational et la pauvreté”, a-t-il déclaré. Le ministre délégué a rappelé le travail accompli par les pays du champ ainsi que les pourparlers constructifs avec les Etats-Unis et les pays de l'Union européenne. M. Messahel a déploré cependant que les efforts entrepris par les pays du champ pour mettre en place une stratégie commune avec des mécanismes de lutte contre le terrorisme soient “malheureusement contrariés par les événements qui ont eu lieu au Mali''. les priorités, selon M. Messahel, sont dans “le nécessaire parachèvement du processus de retour à l'ordre constitutionnel, avec la consolidation d'institutions fortes, consensuelles et légitimes, l'exercice par l'Etat malien de ses prérogatives sur tout son territoire, à la prise en charge du volet humanitaire en passant par la préservation de l'intégrité territoriale et de la souveraineté du Mali, la promotion d'une solution politique grâce à un dialogue entre le gouvernement et les rebelles du Nord qui prenne en charge les revendications légitimes de ces populations, et la lutte contre le terrorisme et le crime organisé”, rapporte l'APS. Président en exercice du Forum avec le MAE turc, la secrétaire d'état américaine, Hillary Clinton, a rappelé l'importance de ce genre d'espace de rencontres pour “lutter efficacement contre le terrorisme qui demeure une menace réelle”. De son côté, le MAE turc, M. Ahmet Davutoglu, a mis l'accent sur la condamnation “systématique de tout acte terroriste perpétré dans n'importe quel pays du monde”. Par ailleurs, réuni jeudi à Abidjan, le groupe de soutien et de suivi sur le Mali, créé par l'UA, préconise dans ses conclusions de faire appel au conseil de sécurité de l'ONU pour un appui à une intervention militaire dans le nord du Mali. Le but est de libérer le nord entre les mains des groupes armés pour rétablir l'intégrité territoriale du pays. Cette demande fait suite à une requête de la Cédéao qui, après l'échec en raison de l'intransigeance des putschistes, a opté pour une saisine du conseil de sécurité de l'Onu. La Cédéao a appelé en même temps à la dissolution de la junte militaire qui demeure omniprésente dans la gestion de la transition, malgré l'accord pour son retrait après la désignation du président intérimaire et du nouveau gouvernement. Mais cette perspective comporte le risque de transformer la région entière en un autre Afghanistan comme le craint, entre autres, l'Algérie dont la position accorde la priorité au dialogue et à la négociation pour sortir de l'impasse. L'argument appuie les révélations du président nigérien, Issoufou Mahamadou, sur la présence d'éléments de Boko Haram, mais surtout des terroristes venus d'Afghanistan et du Pakistan dont la mission serait d'entraîner les nouvelles recrues d'Aqmi et autres au nord du Mali.