Le niveau moyen des salaires nets mensuels (salaires bruts diminués de l'IRG, Sécurité sociale et retraite est de 38 500 DA dans le secteur public et de 21 500 DA dans le privé, soit un écart de 17 000 DA (44,2%). Cette information, résultant de l'enquête récente de l'Office national des statistiques (ONS), signale tout le paradoxe d'un pays comme l'Algérie ayant opté pour l'économie de marché, sans avoir résolu l'équation salariale qui va avec. Sur un autre plan, elle montre que l'évolution du salaire net mensuel est de 7,4% en 2010, une évolution à mettre en relation avec les augmentations salariales survenues durant cette année, entre autres, la revalorisation du SNMG qui, pour rappel, est passé de 12 000 DA à 15 000 DA. L'étude sur les salaires auprès des entreprises en 2010, réalisée par courrier, a touché 934 entreprises activant sur l'ensemble des activités à l'exception de l'agriculture et de l'administration, dont 616 entreprises publiques et 318 privées employant 20 salariés et plus. Elle révèle, également, que la hausse des salaires est plus importante pour les agents de maîtrise (8,6%) que pour les cadres (6,3%) et le personnel d'exécution (7,3%). Outre le facteur qualification, l'importance de l'évolution salariale dépend aussi du secteur d'activité. En effet, l'enquête de l'ONS indique que les évolutions du salaire sont meilleures dans le transport (+14,4%), la santé (8,8%) et les finances (+8,4%). D'après la même source, les entreprises des services collectifs sociaux et personnels et celles de la production et de distribution d'électricité et de gaz sont celles qui ont connu une faible augmentation des salaires, avec respectivement des variations de 1,1% et 1,8%. Pourtant, les niveaux des salaires relativement bas sont relevés dans deux secteurs, à savoir la construction (20 450 DA, soit 76% du SNMG) et l'immobilier-services aux entreprises (23 200 DA/86% du SNMG). Les raisons évoquées pour justifier une telle situation sont l'emploi d'un personnel d'exécution peu qualifié. Par ailleurs, l'Office national des statistiques précise que les travailleurs des industries extractives (production et services d'hydrocarbures, mines et carrières) ont des salaires “très élevés”, soit 72 000 DA. C'est le cas également de ceux qui exercent dans les banques et les assurances, en percevant un salaire de 39 500 DA. Dans leur conclusion, les rédacteurs de l'étude annoncent que le niveau moyen des salaires est “fortement influencé à la baisse, d'une part par la prédominance de l'emploi privé (2/3 de l'emploi total) et d'autre part, par l'importance de la catégorie exécutive dans le privé”. En termes plus clairs, le secteur privé regroupe une majorité de petites et moyennes entreprises (PME) et emploie une très forte proportion de personnel d'exécution, peu qualifié ou sans qualification, notamment dans les industries extractives et la construction. Dans ce secteur (privé), les travailleurs les mieux rémunérés exercent dans les finances et dans la santé, et reçoivent des salaires mensuels moyens respectivement de 42 800 DA (soit le double du SNMG) et 27 500 DA (1,3 fois le SNMG). Sur le registre de la structure du salaire brut, l'enquête de l'ONS révèle que, globalement, pour les deux secteurs (public et privé), le salaire de base représente en moyenne de 63% et les primes et les indemnités 37% de la rémunération brute totale. Seulement, dans le détail, le salaire de base représente seulement 48% du salaire brut dans le secteur public, alors qu'il est de 70% dans le privé. Autrement dit, la part des primes et des indemnités, négociée et figurant comme éléments des conventions collectives, est plus importante dans le secteur public (52%) que dans le privé (30%). H. A/APS