Résumé : Louisa dévoile à sa mère le but de son voyage. Elle veut accélérer les choses et marier son frère au plus vite avec sa cousine Tassadite. Aïssa s'y oppose, mais Louisa argumente tant et si bien les raisons de cette union qu'il finira par accepter. Craignant qu'il ne se rétracte à la dernière minute, la famille s'empresse d'organiser le mariage. Tassadite semblait aussi heureuse que je l'étais moi-même le jour de mes noces. Je demandais à Aïssa s'il allait l'emmener avec lui à Paris. Mais comme je m'y attendais, mon frère, qui ne réalisait pas encore cette union, n'était pas trop chaud à cette idée. Il me dira tout simplement qu'il n'envisageait rien pour le moment. Tassadite restera avec nos parents au bled. Qui va s'occuper donc d'eux ? Un argument de taille qu'il brandira devant toute la famille. Tassadite était déçue, mais en fille de bonne famille, se fera toute discrète. Je l'exhorte à s'imposer à Aïssa afin que ce dernier consente à la laisser nous accompagner en France, ne serait-ce que pour quelque temps. Mais, aussi bien élevée qu'elle était, elle me répondra que ce que son mari décidera pour elle sera toujours le meilleur. Je la comprenais fort bien. Tassadite n'en revenait toujours pas d'être mariée à Aïssa. Elle avait tant rêvé de ce moment que lorsqu'il arriva, elle ne savait plus si c'était un rêve ou une réalité. Je restais deux mois au bled. J'avais repris mes forces, et mon teint d'autrefois. Le grand air de la campagne auquel j'étais habituée revigora mon organisme. Je vivais sur une autre planète... Paris me paraissait si loin, et son ciel gris et terne semblait sortir d'un cauchemar duquel je venais de me réveiller. Hélas, l'heure de départ arriva. Trop vite à mon goût... Je devais donc me rendre à l'évidence et me préparer à rentrer en France où m'attendait Kamel. Mon pauvre mari était resté trop longtemps seul. Je suis une égoïste... Il était si bon avec moi. Cette pensée me donnera la force de préparer mon paquetage et de reprendre le chemin du retour.Je verse des larmes de chagrin à l'idée de quitter mes vieux parents. Qui sait si je les reverrais encore un jour ? Le bateau me parut moins effrayant que lors de mes deux précédents voyages. Avec Aïssa je suis montée me promener sur le pont pour admirer le coucher du soleil sur la grande bleue. Cette fois-ci, le temps était très calme, et je ne souffris pas du mal de mer. Nous arrivons à Paris sous une pluie battante. Un froid glacial planait sur la ville, et j'eus tout de suite l'impression d'avoir laissé pour toujours le soleil derrière moi. Kamel vint nous chercher à la gare. Il avait loué une camionnette pour nous éviter le trajet en bus. Il était avide des dernières nouvelles. Il donne une grande tape dans le dos à Aïssa pour le féliciter pour son mariage. Un des cousins du bled, qui venait de rentrer, lui avait appris cet évènement. Aïssa demeura silencieux. Il passera la nuit dans notre appartement et, dès le petit matin, il quittera les lieux sans avertir. Est-il allé rejoindre Monique... ? J'en étais certaine. Mais ne voulant pas broyer du noir, je tentais de chasser cette idée en me plongeant dans le nettoyage de la maison. Ma belle-mère me rendit visite dans l'après-midi. Elle me sermonna longtemps sur mon ingratitude... Elle aurait aimé m'accompagner au bled... Oui je sais mais.... Et comment... ? Je répondis aussi calmement que je le pouvais. Je ne voulais surtout pas avoir à l'affronter sur un voyage que j'avais hâtivement entrepris. Les causes en étaient des plus sérieuses. Je lui parle du village, du mariage de Aïssa, des derniers potins, avant de lui remettre quelques présents. Elle se contenta de m'écouter en fouinant dans les paquets, puis s'en alla la tête haute et l'air méprisant. C'était ma belle-mère ! Je ne m'y attendais pas à autre chose de sa part. Un mois passe. Aïssa venait de temps à autre dîner à la maison. Il avait repris son travail, et ses longs trajets le maintenaient souvent loin de Paris. Un soulagement pour moi... ! C'était évident, il ne pouvait revoir aussi souvent Monique comme par le passé, car lorsqu'il rentrait, il allait chez-lui, ou venait chez-moi... Enfin... c'est ce que j'espérais. Un matin, je me réveillais nauséeuse et la tête lourde. Je tente de me lever mais un vertige me fera retomber sur mon oreiller. Pas question de quitter mon lit. Relaxe pour aujourd'hui. Mes clients n'auraient qu'à revenir une autre fois. Mme Olivier vint pour les nouvelles et me trouva de mauvaise mine. Elle me prépare une tisane, avant d'appeler un médecin... Ce que j'avais soupçonné s'avéra juste : J'étais enceinte. Le mot joua sur mes lèvres un moment avant d'atteindre mon esprit. Une onde de bonheur m'envahit. Enfin, je vais être maman... Je... je devrais apprendre l'heureuse nouvelle tout de suite à mon mari.. (À suivre) Y. H.