Une fois de plus, cette grande affiche JSK-USMA, qui aura attiré une foule record, n'a fait que rappeler, en la circonstance, la nécessité et surtout l'urgence absolue de doter la ville de Tizi ouzou d'un plus grand stade capable de faire face à une affluence aussi considérable. Ils étaient quelque chose comme trente mille spectateurs à s'entasser comme des sardines en boîte alors que des milliers de retardataires et de malchanceux faisaient le guet aux abords du stade, se contentant des clameurs et des échos. Tout compte fait, les absents n'auront pas à se mordre les doigts, car la rencontre tant attendue entre le “Jumbo-Jet”, plus que jamais soucieux de redresser la barre en championnat, et l'équipe de Soustara, avide de défendre son fauteuil de leader, aura finalement accouché d'un match tout juste moyen qui ne cadre certainement pas avec le standing et la notoriété de ces deux grandes écoles du football algérien. Amoindris par plusieurs absences, dans les deux camps mais aussi handicapés apparemment par les effets du jeûne, les Canaris comme les Usmistes n'auront guère justifié leur réputation sur le plan du spectacle même si le suspense et surtout le fair-play total qui ont marqué cette empoignade constituent, en fait, les deux seuls facteurs de consolation. Au cours de la première période marquée par un jeu très serré, ce fut l'USMA qui aurait pu prendre l'avantage, surtout à la demi-heure de jeu lorsque Ammour, servi idéalement par Dziri, se retrouva absolument seul face à Gaouaoui pour placer furtivement une véritable balle de… billard qui ricocha pratiquement sur les deux poteaux au moment où les 30 000 fans de la JSK avaient le souffle coupé (31'). Sur la lancée, le même Ammour décochait encore un tir puissant sur lequel Gaouaoui s'était pris à deux fois (36') pour confirmer la fébrilité de la formation kabyle. Curieusement, ce ne fut qu'en fin de mi-temps que les locaux osèrent enfin taquiner la défense algéroise par Amaouche dont le tir-surprise fut maîtrisé énergiquement par Mezaïr (40') avant que Dob ne rate une reprise de tête au second poteau, alors que la défense “usmiste” fut prise d'affolement sur un long centre du même Amaouche (45'). Faute d'avoir peu osé à un moment de la partie, où la JSK était prenable, l'USM Alger s'était quelque peu retranché d'un cran en seconde période d'autant plus que les Canaris, portés par un public en délire, allaient puiser carrément au fond de leurs tripes pour forcer la décision en fin de partie. Après plusieurs essais de Dob (52' et 70'), Bendahmane (65'), Amaouche (67') et Zafour (71') qui obligèrent l'excellent Mezaïr à sortir le grand jeu, le sort du match finit par basculer en faveur des Canaris. Alors qu'on s'acheminait vers un partage des points tout à fait logique (0-0), ce diable de Yacine Amaouche, profitait d'une remise de Zafour toujours aussi présent dans les moments décisifs, pour fusiller littéralement Mezaïr (86'). Le 1er-Novembre se transforma alors en un véritable volcan car la JSK venait d'assurer l'essentiel et de négocier positivement son retour au bercail. Fergani fustige l'arbitre En fin de partie, Ali Fergani n'avait pas omis la grande sportivité qui a régné sur le terrain mais regrettait amèrement ce petit point perdu en fin de partie. “Sur l'ensemble du match, dit-il, le nul aurait été plutôt équitable, encore qu'en première mi-temps, nous avons raté une balle de but qui aurait pu changer la physionomie de la partie.” De plus, Fergani n'était guère content de l'arbitrage de M. Haïmouchi. “Sincèrement, j'ai été déçu par la prestation de cet arbitre international qui a été très vicieux tout au long de la partie pour favoriser la JSK et léser l'USMA à plusieurs reprises”, dira Fergani. Chay satisfait de ses “jeunes loups” De son côté, Jean-Yves Chay était plutôt rayonnant après ce retour gagnant de la JSK dans son fief. “La première mi-temps a été moyenne car les deux équipes avaient entonné le match très contractées. L'USMA nous a posé d'énormes problèmes mais nous avons rectifié le tir en seconde mi-temps pour peser sur le match et les choses se sont logiquement décantées en fin de match. Je pense que cette victoire était méritée mais ma grosse satisfaction réside dans la bonne prestation de tous les jeunes qui n'ont pas démérité, et je pense notamment à Saïd (Bensseghir) lequel a rempli pleinement sa tâche”. À propos des trois points récoltés face à l'USMA, Chay estime que “la JSK devra confirmer ce lundi face à Sétif pour amorcer un net redressement en championnat”. M. H. L'USMA bloquée à Tizi jusqu'à 17h • Bien que le match se soit terminé aux environs de 15h30, la délégation de l'USM alger n'a pu quitter le stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou qu'à 17h. Résultat de ce retard, qui aurait pu finalement être évité : tout le monde a rompu le jeûne en route puisque c'était déjà trop tard pour l'horaire d'el-adhane, prévu à 17h43. Pourquoi donc ce retard ? Eh bien, renseignements pris, le bus qui transportait la délégation d'Alger à Tizi Ouzou a été bloqué à la fin du match dans la ville des genêts et n'a pu rejoindre le stade qu'à 17h en raison de la circulation. Cet état de fait a beaucoup irrité les joueurs de l'USM Alger qui se sont demandé pourquoi le bus n'est pas resté sur place au stade du 1er-Novembre pour récupérer le groupe, comme c'est le cas pour toutes les équipes visiteuses au stade de Bologhine ? S. B. Ce fut la fête et pas... la guerre ! • Certains craignaient des débordements, d'autres présageaient la “guerre” au stade de Tizi Ouzou, mais il n'en fut rien. Dans un stade plein comme un œuf, le choc JSK-USMA fut marqué par une grande sportivité, sur le terrain comme dans les tribunes, même si la galerie “usmiste” a brillé par son absence. Certes, il y eut bien quelques énergumènes qui lancèrent quelques projectiles, “comme on en voit pratiquement dans tous les stades”, pour reprendre un constat de Fergani, mais il faut bien admettre que le derby JSK-USMA fut propre et loyal, et c'est tant mieux ainsi. Même les archs ont été de la partie en offrant, peu avant le coup d'envoi, beaucoup de fleurs aux deux coachs du jour, Fergani et Chay, sous les applaudissements du public qui avait reçu le message cinq sur cinq même si plusieurs banderoles noires furent accrochées par le “kop” du virage pour rappeler la douleur et l'indignation encore vivace du mouvement citoyen. À la mi-temps, comme promis, les dirigeants de la JSK procédèrent au tirage au sort des cinquante supporters qui auront l'honneur et le bonheur d'accompagner les Canaris à Yaoundé pour vivre une finale de coupe d'Afrique mémorable. C'est dire que le retour de la JSK à Tizi Ouzou donna lieu à de joyeuses retrouvailles, et le sport aura été certainement le grand vainqueur en cette heureuse circonstance. Tant pis pour les pyromanes et les semeurs de troubles. M. H.