A 20 h, la ville de Tizi Ouzou s'est arrêtée de vivre. Femmes, hommes et enfants étaient suspendus à leur petit écran. A la maison, au café, ou encore dehors ou par grappes, on était autour d'un téléviseur sorti dans la rue pour la circonstance, la même tension était perceptible. Chacun retenait son souffle. On avait les yeux rivés sur cette petite lucarne. A la Nouvelle-Ville, Samir et ses copains, qui avaient fait une quête la veille, avaient offerts à leurs potes du quartier un écran géant pour suivre grandeur nature la rencontre. Les fumeurs grillaient cigarette sur cigarette, ceux qui n'apprécient pas le tabac se rongeaient les ongles. En somme, la nervosité était omniprésente. A la 14', lorsque le défenseur central du Raja Chami avait inscrit le but sur une balle arrêtée mais appréciée par les défenseurs de la JSK, le scénario du pire était annoncé. Mais à mesure que la rencontre grillait à son tour les minutes, la Kabylie commençait à croire en la victoire des siens. Une Kabylie qui, dans les cinq dernières minutes, ne pouvait plus tenir en place. On levait la main vers le ciel pour implorer Dieu pour que le résultat de 1-0 en faveur des Marocains en reste là. On ne demandait même pas à Yacef de marquer. L'expulsion de Driouèche n'a fait qu'accroître cette peur, cette angoisse d'une élimination, d'autant que l'arbitre tunisien était précédé d'une « bonne » réputation capable comme il l'avait fait lors d'un certain USMA-WAC ou d'un Egypte-Côte d'Ivoire faire basculer la rencontre en faveur des Blancs du Raja. Au coup de sifflet final, c'était la délivrance, le délire dans les maisons et les rues étaient de suite investies par tous les jeunes et moins jeunes, qui, fumigènes en main, faisaient le tour des immeubles ou des maisons. Les reliquats de pétards et autres feux de Bengale du dernier Mouloud Ennabaoui étaient sortis pour la circonstance. Des jeunes et des familles ont de suite pris leur véhicule pour donner libre cours à leur joie et à leur bonheur. Avertisseurs coincés, tout le monde s'était dirigé vers le rond-point central de la ville au niveau du jet d'eau. Un rond-point investi comme il l'a été à chaque fois que la JSK était sortie victorieuse d'une grande épreuve. Là encore, ce lieu de rassemblement des fans et des fidèles de la JSK était pris d'assaut par les badauds dont certains n'avaient pas manqué de faire trempette dans le bassin froid. Un peu plus bas au niveau du rond-point Le Djurdjura ou Chabane Abbès, la même ambiance régnait. Mieux, là on dansait au rythme d'une grosse baffle sortie d'un véhicule où les tubes de Mohamed Allaoua Ababa chikh, Allo tricité ou encore ceux de Rachid Koceila étaient repris en chœur par une foule en délire. A la Nouvelle-Ville un disquaire a fait sortir sur la terrasse de son magasin des enceintes géantes qui distillaient les mêmes tubes que ceux entendus en ville. Là encore, on dansait et on chantait à tue-tête. Sur les lieux, nous avons rencontré M. Bensalem, le maire de la commune, qui nous a fait cette réflexion : « Ma ville est gaie cette nuit ». Oui Tizi Ouzou et toute la Kabylie étaient gaies dimanche soir. Les hommes de Chay venaient de marquer une nouvelle page dans la belle histoire du club en se qualifiant pour la première fois aux poules de la champions league. La nuit était longue mais surtout belle à Tizi Ouzou, certains irréductibles n'ont regagné leur foyer qu'aux aurores. Tous espèrent en faire de même avec un nouveau sacre en championnat à la fin de la saison en cours.