La période de troubles et de violences, qui a prévalu presque un mois durant au site d'ArcelorMittal Annaba, semble avoir été dépassée en fin de semaine, avec la remise en marche du haut-fourneau et la reprise de la production, jeudi. Après l'intervention, tard dans la journée de mercredi, des forces spéciales de la Gendarmerie nationale sur injonction du wali d'Annaba, la centaine de manifestants qui bloquait les voies d'accès du site sidérurgique d'El-Hadjar a été délogée à coups de matraque. Les travailleurs factionnaires, empêchés jusque-là de le faire depuis mardi par des énergumènes armés de gourdins et de barres de fer, ont pu ainsi rejoindre leur poste. Ce retour à la normale de l'outil de travail, après le coup de force désespéré tenté par une quarantaine de salariés faisant officiellement l'objet de mesures de licenciement et de suspension pour fautes graves, n'a pas pour autant rassuré totalement les travailleurs, pris en otages malgré eux dans un conflit qu'ils jugent stérile et dont ils auraient pu se passer. Ceci au vu des conséquences néfastes des actions entreprises par les insurgés depuis le 20 mai dernier sur la production, suite à la mise en veilleuse répétitive du haut-fourneau et les arrêts des installations qui ont automatiquement suivis. Des interruptions dont le coût se chiffre en milliers de dollars comme n'a pas manqué de le dénoncer à plusieurs reprises le directeur général de l'entreprise mixte, Joe Kazadi. Celui-ci n'a pas cessé d'alerter les pouvoirs publics locaux et sa hiérarchie, au siège du groupe ArcelorMittal au Luxembourg, sur les dangers que font courir les protestataires aux travailleurs, d'une manière générale, et aux cadres expatriés en particulier. Séquestrés et menacés de représailles, ceux-ci ont dû quitter précipitamment le complexe d'El-Hadjar il y a quinze jours et ils n'y ont plus remis les pieds depuis, se limitant à gérer les affaires de l'usine autant que faire se peut depuis l'hôtel Solb, leur lieu d'hébergement habituel. Joe Kazadi signalait dans un récent communiqué que les conditions de travail étaient devenues insoutenables autant pour lui-même que pour son staff dirigeant, et que cette situation pouvait compromettre les négociations salariales et socioprofessionnelles restées en suspens et le lancement cette année du Plan de développement du site d'Annaba. Un plan ambitieux qui devrait permettre progressivement au complexe sidérurgique d'El-Hadjar de porter dans une première phase sa capacité de production à 1,4 million de tonnes avant de monter jusqu'à 2 millions de tonnes par an à l'horizon 2015. ArcelorMittal, l'actionnaire majoritaire, et son partenaire algérien Sider ont conclu d'investir 200 millions d'euros dans ce projet qui inclut la rénovation et la réhabilitation de la plupart des installations stratégiques de production du site. En réaction au cri de détresse de la direction générale d'AMA et suite aux différentes plaintes du syndicat d'entreprise, une délégation composée du représentant personnel du wali, des principaux responsables de la Gendarmerie nationale et de la Sûreté nationale de la wilaya d'Annaba ainsi que du député FND Tliba Baha s'est déplacée sur les lieux et a assuré que la sécurité des dirigeants du complexe et la libre circulation de ses employés ne seront plus menacés. A. A