Le Café littéraire de Béjaïa a convié, samedi dernier, l'écrivain et journaliste Rachid Oulebsir auteur de deux romans : « Les derniers Kabyles » (Tira éditions), et « Le rêve des momies » (éditions L'harmattan), paru en mars 2011. La rencontre avec le public a, en fait, gravité autour d'une mosaïque d'aspects inéluctablement induits par les thèmes chers à l'auteur, si bien que nous avons déambulé bon gré mal gré à travers les dédales obligés de digressions ...toutefois contrôlées. A propos de «le Rêve des momies », non encore commercialisé en Algérie, l'auteur a confié à son auditoire du théâtre régional de Béjaïa que le livre n'a pas manqué de lui causer quelques désagréments se résumant ainsi : Ayant récemment reçu de la part des éditions L'Harmattan son quota personnel (une cinquantaine d'exemplaires), et n'ayant pas pu « satisfaire » les « exigences » de la douane consistant à demander à l'auteur « une explication de la thématique du livre » ainsi qu'une autorisation du ministère de la culture (pour l' « enlèvement » de son quota au port, celui-ci (les 50 exemplaires de « Le rêve des momies ») a dû prendre le chemin du retour... Evoquant également son livre intitulé « Les derniers Kabyles », Rachid Oulebsir en est forcément venu à « craindre que la mort absurde des Kabyles se profile à l'horizon », à faire part aussi de ses convictions et autres appréhensions : « Je demeure très nostalgique de la société kabyle purement traditionnelle d'antan, je l'aime et peu importe si l'on me qualifie d'archaïque », avoue-t-il. L'érosion, voire la disparition de la langue (dialectes kabyles) et qui s'effectue subrepticement en même temps que disparaissent certains objets et métiers traditionnels, la «lâcheté des intellectuels en général et algériens en particulier, devenus depuis les années 1970, notamment, des intellectuels d'Etat, des intellectuels officiels car ayant renoncé à une certaine liberté de ton », le «tort» des écrivains algériens qui ne prennent pas en charge ou, du moins, pas suffisamment, le vécu quotidien de la société profonde, les préoccupations et soucis de l'homme de la rue («Dans nos librairies, on ne trouve pratiquement que des ouvrages sur la guerre d'Algérie ou des mémoires de généraux »), sont autant de thèmes qui auront été effleurés et débattus, mais le noyau central de ce café littéraire est sans conteste l'échelle des valeurs de notre société ancestrale et donc traditionnelle, dont la solidarité. M.B