La situation au Mali ne laisse pas l'Algérie indifférente, en témoignent les efforts qu'elle fournit pour régler pacifiquement cette crise, alors que certaines parties optent pour la manière forte, à savoir une intervention militaire. Ayant beaucoup d'intérêts au Sahel, la France, qui est présente militairement dans plusieurs pays de la région, est partisane de cette seconde solution, tout en se gardant de s'impliquer directement. Pour parvenir à ses fins, Paris fait bouger ses pions sans pour autant rester totalement à l'écart, comme le démontre cette initiative du chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qui a désigné l'ambassadeur Jean Felix-Paganon comme son “représentant spécial pour le Sahel" avec la mission de lui proposer “un plan d'action". Le porte-parole du Quai d'Orsay, Bernard Valero, a affirmé que l'ex-ambassadeur en Egypte, “Jean Felix-Paganon est à Bamako où il remettra un message du ministre (...) au Premier ministre de transition malien Cheick Modibo Diarra". La même source a ajouté qu'“il se rendra, également, dans les prochains jours dans plusieurs autres pays de la région", tout en précisant que “Laurent Fabius a demandé au représentant spécial de lui remettre, à l'issue de ses contacts, un plan d'action pour le Sahel". Cela suppose que la France, qui ne peut rester les bras croisés, prépare quelque chose pour faire bouger les choses. Il y a lieu de relever que ces déclarations françaises coïncident comme par hasard avec les déclarations à Alger de l'envoyé spécial du président ivoirien Alassane Ouattara, chef en exercice de l'organisation régionale ouest-africaine. Il a affirmé à sa sortie de l'audience que lui a accordée le président Abdelaziz Bouteflika, que le rôle de l'Algérie était essentiel dans une sortie de crise au Mali. “Ce qui se passe au Mali concerne aussi bien les pays de la Cédéao que ceux du Nord et nous sommes persuadés que sans l'Algérie, il n'y aura pas de solution à cette crise", a déclaré l'émissaire ivoirien Amara Essy. Faisant référence à l'accord d'Alger du 4 juillet 2006 pour la restauration de la sécurité dans la région de Kidal conclu entre l'aile politique de la rébellion touarègue et le gouvernement malien, sous l'égide de l'Algérie, il a indiqué que “l'Algérie connaît mieux que nous ce problème. Il y a eu déjà les accords d'Alger signés entre les Maliens et c'est la raison pour laquelle nous avons écouté avec une attention particulière les analyses faites par le président Bouteflika à ce sujet et nous allons présenter un rapport au président Ouattara contenant tous ces éléments pour trouver une solution à cette crise". Poursuivant dans le même ordre d'idées, il a estimé que cette solution “doit prendre en compte deux principes fondamentaux : l'intangibilité des frontières maliennes et la condamnation de tout changement anticonstitutionnel". Ceci étant, l'Algérie a réitéré dimanche qu'une solution “politique négociée pouvait mettre fin à la crise au Mali voisin". Son objectif prioritaire demeure la libération de ses diplomates détenus par le Mujao depuis l'occupation du nord-Mali par les islamistes d'Ançar Eddine et les rebelles du MNLA, Alger campe sur la même position. Elle demeure fidèle à sa position depuis le début de la crise malienne, en adoptant une ligne de non-ingérence chez son voisin, tout en affirmant son attachement à l'intégrité territoriale de ce pays, mais elle multiplie les contacts avec les pays concernés, dans la région et ailleurs, notamment la France et les Etats-Unis. M T