Lorsqu'on veut apprécier de plus près l'art de transformer la terre en petits chefs-œuvres artistiques, fruit d'un mélange de la nature avec le génie humain, la route la plus indiquée à prendre, bien que sinueuse, longue et sous un soleil de plomb, est celle de la région de Mâatkas où se tient, depuis mardi dernier et jusqu'au dimanche 1er juillet, la 3e édition du festival culturel local de la poterie. Dans cette localité de Haute Kabylie, située à une trentaine de kilomètres au sud de la ville de Tizi Ouzou, la célébration de la poterie est devenue rituelle. Ville déjà connue pour sa tradition potière, Mâatkas est devenue, avec ce festival, une terre d'accueil pour la création contemporaine des arts de la poterie. Cet art qui a survécu aux vicissitudes du temps grâce aux vieilles villageoises est aujourd'hui pris à bras-le-corps par toute une génération de jeunes artisans qui se démènent chacun comme elle peut pour le préserver d'abord, le perpétuer ensuite et le valoriser surtout. Comme lors des éditions précédentes, sinon plus, l'édition de cette année n'a pas manqué de susciter l'engouement et de rassembler les foules des grands jours sous une chaleur torride mais dans une ambiance toujours festive. Au total, 130 artisans en poterie, vannerie, tissage, bijouterie et autres sont venus de 14 wilayas du pays pour prendre part à ce rendez-vous qui se veut culturel avant tout, mais aussi social, économique et avec, cette fois, même une touche d'histoire, car cette 3e édition est organisée dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie. Selon ses organisateurs, ce festival est une occasion d'offrir aux visiteurs un vaste panorama d'activités, d'événements et d'expositions à travers lesquels ils pourront découvrir, s'émerveiller, apprendre, participer et s'initier au métier de la terre qu'est la poterie. Cette poterie qui, comme l'a si bien résumé le directeur de la culture, Ould Ali El-Hadi, à l'ouverture du festival, constitue un élément non des moindres du patrimoine culturel de la Kabylie tant elle permet de perpétuer un art traditionnel, d'être témoins des époques anciennes et donne encore des moyens de subsistance à bien des familles d'artisans. Ce 3e festival se veut un spectacle vivant dont les exposants et les visiteurs sont les acteurs. Il a pour objectif de promouvoir le travail de l'argile auprès du public, dans une optique pédagogique et culturelle, de transmettre et partager les compétences et surtout défendre le professionnalisme des potiers. L'exposition permanente de poterie sera accompagnée par l'ouverture d'ateliers de poterie, des conférences dont celle ayant pour thème la résistance culturelle des peuples de l'Afrique du Nord de l'antiquité à la période contemporaine ainsi qu'un gala artistique qui sera animé par Rabah Asma. S L