Aqmi, du côté de l'Adrar, au Nord-Est. Le Mujao au Nord, à Kidal et à Gao depuis mercredi. Ansar Eddine à Tombouctou et ses alentours. Voilà comment le nord du Mali est réparti par les islamistes jihadistes. Le Mujao contrôle actuellement le terrain. Depuis fin mars-début avril, les villes et régions administratives du nord du Mali, Tombouctou, Kidal et Gao, sont tombées aux mains des groupes armés islamistes que sont le Mujao et Ansar Eddine, soutenus par Aqmi, le MNLA et divers groupes criminels. Cette chute de plus de la moitié du territoire malien a été précipitée par un coup d'Etat qui, le 22 mars, a renversé le président Amadou Toumani Touré. Depuis, l'armée malienne, en pleine décomposition, est incapable de reprendre le terrain perdu et les autorités de transition, mises en place à Bamako après le retrait des putschistes du pouvoir le 6 avril, paraissent impuissantes. La tension était vive ces derniers temps entre le MNLA, mouvement déclaré laïque qui a proclamé unilatéralement l'indépendance du nord du Mali, et les islamistes dont l'objectif affiché est l'application de la charia dans tout le Mali. Le MNLA avait déjà été marginalisé dans plusieurs localités, en particulier à Tombouctou, contrôlée par Ansar Eddine qui y impose la charia, distribuant des coups de fouet aux déviants que sont, selon ce mouvement, les couples non mariés, les fumeurs ou les buveurs d'alcool. Le MNLA, en perte de vitesse, dirigé par un bureau politique plus ou moins fantoche. En réalité, celui qui en tient les rênes est le chef du bureau militaire, le colonel Mohamed Ag Nejim. Un colonel du régime de Kadhafi qui tenait la région sud de la Libye, rentré avec son régiment (plus de 1 000 hommes) et des armes (véhicules blindés et matériel militaire) dans sa région d'origine à la chute de Kadhafi. Cette première force politico-militaire reste non négligeable, mais elle a perdu certains de ses hommes. Il y a ce Mujao, de création récente, qui a fait parler de lui à Tamanrasset puis au Sahara occidental par un attentat et un enlèvement d'humanitaires occidentaux. Nouveau venu, le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest serait comme Ansar Eddine, une dissidence d'Aqmi ou son excroissance pour l'Afrique de l'Ouest. Le mode opératoire de ces deux mouvements est le même que celui d'Aqmi : des coups ponctuels contre les installations et les militaires et l'instauration de l'islamisme salafiste là où ils s'installent. Et pour finir ce tableau, Aqmi, qui a ensemencé le djihadisme dans cette vaste région sahélo-saharienne et dont l'objectif est d'y reproduire l'Afghanistan des talibans. Aqmi contrôle globalement la région montagneuse située au nord-est du Mali. Dans un modus vivendi avec le gouvernement malien d'ATT, Aqmi a réussi à s'installer sur place, établir un certain nombre de camps et sanctuariser un certain nombre de territoires dans lesquels elle agit. La condition étant de ne pas s'attaquer aux forces maliennes et de ne pas importuner les populations locales. Aqmi est un mixte de contrebande, de trafic de drogue et d'enlèvements d'Occidentaux. Un mixte de djihad et de banditisme qui a bénéficié de la déstabilisation de la Libye pour récupérer quantités d'armements, de véhicules ainsi qu'un certain nombre de combattants et de miliciens. Et le MNLA dans cette nouvelle répartition ? Il voulait avoir le contrôle de tout le Nord malien pour déclarer son Etat indépendant de l'Azawad. En attaquant les autres régions, il s'est immédiatement affronté aux forces d'Ansar Eddine, du Mujao et d'Aqmi et le rapport de force ne lui est plus favorable. D. B