Cette prudence doit se traduire par des coupes dans les dépenses de fonctionnement et les salaires alors qu'un ordre de priorité sera instauré pour les grands projets d'investissement. “L'Algérie a besoin d'une approche plus prudente en matière de dépenses, notamment celles de fonctionnement, et surtout celles relatives aux salaires de la Fonction publique où nous avons atteint le plafond en 2012". C'est là la mise en garde lancée, hier, par le ministre des Finances, M. Karim Djoudi. Intervenant en marge de la clôture de la session du printemps du Conseil de la nation, le ministre n'a pas voulu être alarmiste et a usé d'un ton diplomatique malgré les chiffres inquiétants, rendus publics par la Banque d'Algérie à propos de la situation économique du pays : “Il ne s'agit pas d'adopter un plan de rigueur budgétaire" tempère-t-il en réponse aux journalistes, l'interrogeant sur les informations faisant état de la préparation d'un plan d'austérité par le gouvernement. “Il faut savoir que les dépenses d'investissement tirent la croissance économique, l'emploi, les revenus et toute la vie économique. Donc, il ne s'agit pas d'avoir une action purement mécanique", a-t-il expliqué. “Une action forte sur les dépenses d'investissement aura un impact fort sur la vie économique et sur le pouvoir d'achat", a-t-il noté. “Simplement, il faut avoir conscience qu'on a besoin d'avoir une approche beaucoup plus prudente en matière de dépenses, et particulièrement les dépenses de fonctionnement", a encore expliqué le ministre des Finances. “Il s'agit d'observer la crise et de voir si c'est une tendance profonde pour prendre des décisions sur un fait structurel et non ponctuel" a-t-il tenu à préciser à ce propos. En 2013, la réduction des dépenses de fonctionnement sera, cependant, mécanique par le fait que les rappels au titre des régimes indemnitaires et statuts particuliers ne sont pas renouvelables, dit-il. Questionné à propos des dépenses d'équipement, il fera remarquer que “les projets en cours continueront d'être financés alors que les financements de nouveaux projets seront étudiés au cas par cas selon les priorités fixées et selon les capacités de financement". Le rythme annuel des dépenses d'investissement va baisser de son côté, a encore prévenu le ministre. Evoquant la crise économique mondiale, Djoudi n'a pas caché ses appréhensions de voir la crise économique mondiale s'approfondir et se prolonger dans le temps. Cependant, “les performances financières de l'Algérie, dotée de quelque 200 milliards de dollars de réserves de change et une épargne publique (FRR) de près de 5 500 milliards de DA avec une dette extérieure autour de 4 milliards de dollars, sont en mesure d'amortir les éventuels effets d'une baisse des cours du pétrole à moyen terme" dit-il. Dans le même ordre d'idées, il expliquera que “l'Algérie élabore sa loi de finances en se basant sur un prix de baril autour de 120 dollars alors qu'en termes de décaissement en fin de période, les dépenses effectives se font sur la base d'un baril autour de 75 dollars". “Le risque est donc atténué" fait-il observer. Ce faisant, et dans le cas “où la crise financière européenne se confirme, nous serons obligés d'avoir des reports de projets inscrits et une plus grande rigueur dans nos dépenses de fonctionnement" dit-il. Questionné, encore une fois, à propos de l'inflation, M. Djoudi a souligné que “c'est un élément qui interpelle le ministère surtout que l'année en cours a vu une poussée inflationniste importante". “Nous attendons à ce que la Banque d'Algérie, dans le cadre de sa politique monétaire, régule un peu plus l'inflation de manière à ce qu'elle n'impacte pas les dépenses de l'Etat et le pouvoir d'achat", lance-t-il. N M