Je me rappelle une histoire qui m'est arrivée en allant passer des vacances en Tunisie avec ma famille. On avait pris l'avion et, en plein ciel, un énorme trou d'air a fait basculer l'avion d'une façon brutale. C'était la panique à bord, les hôtesses de l'air faisaient tous leur possible pour calmer les voyageurs. Seulement, il y avait une jeune fille qui était en plein crise de panique et d'angoisse ; l'hôtesse demanda alors s'il y avait un médecin à bord. Je me suis présenté et j'ai demandé ce qu'il y avait dans la trousse à pharmacie pour calmer la jeune fille. Me rappelant que j'avais dans ma poche une boîte de paracétamol, j'ai tout de suite pris un comprimé et un verre d'eau et j'ai prié la jeune fille de le prendre et que tout irait bien après. Quelques minutes plus tard elle avait repris ses esprits et tout était rentré dans l'ordre.À la descente d'avion, la jeune fille me remercia et je lui ai avoué de façon gênée que ce n'était qu'un comprimé de paracétamol, pourtant celui-ci a fait merveille pour calmer sa crise d'angoisse. Incroyable mais vrai ! Certes dans cette histoire il y a un médecin pris au dépourvu dans un avion, sans médicaments adéquats et une personne en pleine crise d'angoisse, attendant un geste salvateur ou un produit salvateur qui la sortirait de cette angoisse. Elle sait que le médicament qu'elle a pris va la tirer d'affaire, ce qui dans un premier temps la tranquillise et l'aide sans nul doute à calmer sa crise. Enfin elle ignore que le traitement n'est pas le bon et n'est pas approprié. Voila réunis plusieurs critères d'un placebo, substances aux effets étonnants. Selon la définition du dictionnaire, placebo signifie en latin «je plairai», c'est une substance neutre que l'on substitue à un médicament pour contrôler ou susciter les effets psychologiques accompagnant la médication. Le placebo est utilisé au cours des essais thérapeutiques pour mesurer son efficacité avant qu'il ne soit mis sur le marché. Les patients «cobayes» acceptent ces essais thérapeutiques moyennant une rémunération. Ils sont répartis en deux groupes après un tirage au sort, certains reçoivent «le vrai médicament» et les autres un placebo. Les essais étant réalisés selon l'expression consacrée en simple ou en double aveugle. Dans le premier cas les personnes ignorent le placebo. Dans le second cas le médecin qui les délivre ne sait pas, lui non plus, s'il donne le médicament ou le placebo. Cette méthode permet de mesurer l'effet propre du médicament étudié en évitant l'impact de la prise en charge du patient par le médecin. Bien entendu tous sont informés à l'avance du type d'essais et prévenus des effets attendus du médicament, un consentement éclairé et signé par «le patient cobaye» certifiant qu'il accepte tout les résultats à la fin de l'expérience. Il faut savoir que l'efficacité d'un nouveau médicament n'est reconnue que si son incidence bénéfique s'avère nettement supérieure à celle du placebo et que l'action est variable d'une personne à une autre. Des recherches ont montré qu'il pouvait exister un profil d'individus sensibles à l'effet placebo, alors que d'autres études ont démontré que chacun de nous peut un jour se montrer sensible à l'effet placebo et qu'un autre jour totalement résistant. Donc il est quasiment impossible de calculer son efficacité à 100 % chez la même personne touchée par une maladie. On a recherché des mécanismes biologiques pour expliquer comment un leurre de médicament, chimiquement neutre, parvenait à modifier des paramètres chiffrables comme l'acidité gastrique, le taux de cholestérol ou la pression artérielle. Mais on n'a rien trouvé de tangible. Car de nombreux critères interviennent pour mettre en route un processus naturel de guérison : la façon dont le médecin présente le médicament à son malade ; la manière dont celui-ci le reçoit ; la confiance qu'il accorde à son médecin ; la nature de l'affection souvent pourvoyeuse d'anxiété ; sa disposition d'esprit du moment ; sa volonté de guérir. Tous ces éléments vont avoir une influence positive ou négative, selon les jours, sur le malade et sa pathologie. Nous ajouterons une phrase typiquement algérienne «Rabi ya3ti el chiafaa». Il ne faut pas perdre de vue que le malade est un être humain, qu'il n'est pas seulement une entité biologique ou psychique biodégradable. Si la médecine a séparé le psychique du somatique en soignant le corps à certains endroits et le psychique ailleurs, la réalité et tout autre. On sait que dans certaines circonstances le corps et l'esprit réagissent de concert (en même temps) pour fabriquer des endomorphines, ces substances produites par le cerveau pour lutter contre la douleur. Ce n'est pas par hasard si les résultats des placebos sont les plus spectaculaires dans ce domaine. Dr A.K.B