En ces premiers jours du mois sacré, on assiste à un véritable branle-bas de combat dans les magasins et les marchés. Les espaces commerciaux sont pratiquement pris d'assaut dès le milieu de la matinée et jusqu'aux derniers instants qui précèdent la rupture du jeûne. Des centaines de millions de centimes sont dépensés quotidiennement dans les grandes surfaces de la ville, notamment dans les rayons de la vaisselle. Excessivement achalandés en articles pour vaisselle, ces rayons sont fréquentés par une extraordinaire clientèle féminine à longueur de journée, une clientèle très peu regardante, apparemment, sur les prix. En effet, depuis l'avant-veille du mois de Ramadhan, les deux plus grands magasins de la ville de Mila, qui proposent une extraordinaire variété d'articles pour vaisselle, d'importation, ne désemplissent pas. C'est phénoménal, eu égard aux prix qui ne sont pas toujours à la portée des bourses ! Ainsi, les cocottes, les marmites, les casseroles, les faitouts, les poêles, les tasses, les gamelles, les services à eau, les bols jusqu'aux poivriers, salières et cure-dents sont emportés à pleins chariots. Les ménagères veulent, coûte que coûte, passer le Ramadhan avec des vaisseliers complètement actualisés, à la grande satisfaction des gérants desdits magasins. Une virée dans l'une de ces grandes surfaces effectuée le deuxième jour du mois sacré nous a permis de voir l'engouement des ménagères pour les articles de vaisselle et sonder les raisons de cet engouement. “J'aime bien changer ma vaisselle au Ramadhan, c'est pour le plaisir des yeux", nous dira tout simplement une jeune dame interrogée sur les lieux. Mais toutes les ménagères ne sont pas à cette raison près. Les vieilles dames évoquent, quant à elles, des motifs d'un autre ordre, à l'image de el-hadja Fatma, une septuagénaire : “Renouveler sa vaisselle signifie qu'on est heureux d'accueillir le mois de Ramadhan. Le mois de jeûne est une fête. Aussi, nous devons le passer différemment, le vivre avec tout ce que nous avons de meilleur. C'est donc par respect et amour pour ce mois qu'on change sa vaisselle, qu'on nettoie et arrange l'intérieur des maisons de façon plus correcte et plus actuelle." Dans les marchés de la ville, l'attention est plutôt fédérée par les produits alimentaires. Ni les prix, jugés chers, ni la chaleur caniculaire et moins encore les queues ne dissuadent les pères de famille à faire leurs emplettes. C'est la ruée du matin au soir. Dimanche, vers 17h, on ne pouvait trouver un seul poulet, ni un kilo de viande dans tout le marché couvert de la ville qui compte pourtant une bonne dizaine de bouchers et autant de vendeurs de viandes blanches ! Tout a été raflé, emporté. Malheur aux retardataires ! Même topo chez les boulangers et les vendeurs de confiseries traditionnelles. Les bousculades pour le pain et la zalabia sont telles qu'on en vient parfois aux mains ! Mais les plus avertis ont fait leurs achats avant le Ramadhan. “Moi, j'ai acheté presque tout avant le Ramadhan. Pour la viande, je vais dans les marchés hebdomadaires de la région. Quant à la zalabia, je n'en achète jamais, je préfère les dattes", nous dira un enseignant à la retraite. K B