V�ritable ville dans la ville, le bazar d�El-Djorf, � Bab-Ezzouar, est depuis quelque ann�es tr�s pris� par les m�nages qui viennent aussi bien de la capitale que d�autres r�gions du pays. Ce march� informel, en pleine extension, voit en �t� affluer une client�le particuli�re. Il s�agit des �migr�s, dont l�engouement pour ce lieu repr�sente une v�ritable aubaine pour les commer�ants. Reportage r�alis� par F.-Zohra B. Le soleil tape dur sur la capitale en ce d�but de mois d�ao�t. A Bab-Ezzouar, quartier de la p�riph�rie d�Alger, la circulation est intense. En face de l�universit�, un immense parking en terre battue est r�serv� aux visiteurs du c�l�bre march� El- Djorf, plus commun�ment appel� march� �Duba�. Les lieux, quoique r�barbatifs, ne semblent pas d�courager les centaines de visiteurs qui affluent dans ce march�. Les automobilistes man�uvrent tant bien que mal. Ils tentent autant que possible de m�nager leur v�hicule sur une chauss�e mal nivel�e. Ali et sa famille trouvent facilement une place. �Ce n�est pas encore le moment du grand rush�, commente le jeune pr�pos� au parking. Le v�hicule stationn�, le petit groupe se dirige vers les premi�res baraques qui composent le march�. Ali r�side en France, mais depuis deux ann�es, il profite de son s�jour estival au bled pour faire des achats. Prendre tout ce qui est n�cessaire � la vie quotidienne �, commente Ali qui s�empresse de s�engouffrer dans les d�dales du march�. �J�ai un maigre revenu et je suis oblig� de me d�brouiller comme je peux pour assurer une vie d�cente � ma famille. En France, les produits alimentaires sont chers. Alors quand je viens une fois par an dans mon pays, je fais la tourn�e des magasins pour meubler ma maison et habiller mes enfants. Cela me fait des d�penses en moins�, souligne- il. La premi�re halte, notre �migr� la fait chez un vendeur de lingerie o� il ach�tera un nombre impressionnant de draps, couettes et autres oreillers. �Ici, c�est nettement moins cher que dans les grandes surfaces de la banlieue o� j�habite. Je compl�terai mes achats par de l��lectrom�nager et des produits traditionnels pour le mois de Ramadan�, nous confie notre interlocuteur qui s�empresse de rejoindre sa femme et ses filles. Ces derni�res avaient d�j� engag� d��pres n�gociations avec un marchand de tapis. �Duba� s�duit en d�pit de la flamb�e des prix D�aucuns le diront, les prix ont carr�ment flamb� au bazar de �Duba� au cours des derniers mois, et ce � l�instar des autres commerces. Ce lieu qui �tait connu pour ses prix de demi-gros et qui attirait les m�nages en qu�te de bas prix n�est d�cid�ment plus ce qu�il �tait. Sur place, les commentaires vont bon train et concernent notamment l�alignement des prix affich�s sur ceux propos�s dans les quartiers les plus hupp�s de la capitale. �C�est r�voltant, ce n�est plus la peine de se d�placer jusqu�ici pour acheter des produits au m�me prix que dans mon quartier au centre d�Alger�, commente une passante accompagn�e de sa cousine qui r�side � l��tranger. Elle avoue qu�il est quand m�me plus pratique et convivial d�acheter � El�Djorf. Ici, on peut trouver de tout : des d�tergents aux meubles en passant par la literie et la vaisselle. Personnellement, c�est ici que je fais mes courses, sur conseil de mes cousines. J�ach�te m�me pour des amies qui ne viennent pas cet �t� au pays. Le pourvoir d�achat est en baisse en Europe. Alors puisque nous avons la chance d�acheter ici en dinars, nous prenons l�essentiel. Ceci en d�pit de l�inconv�nient d�avoir des bagages particuli�rement volumineux. Cela en vaut la peine�, nous assure notre interlocutrice. Et �nos chers �migr�s ne passent pas inaper�us�, commente en souriant un jeune vendeur qui affiche une mine fi�re � l�id�e que ses produits soient jug�s plus attractifs que ceux de �l�-bas�. Il avoue son engouement a approvisionner des clients r�sidant � l��tranger et devenus des habitu�s des magasins d�articles de d�coration et de vaisselle dans ce grand bazar. Des objets jug�s particuli�rement tendance, comme cela est le cas pour les bougeoirs les assiettes de d�coration, les lampes traditionnelles et le n�cessaire de table. �Mes produits font fureur et les m�mes familles d��migr�s reviennent me revoir depuis ces deux derni�res ann�es�, lance notre jeune vendeur. Faire ses courses au bled, la nouvelle tendance Le bouche-�-oreille fait son effet, nous explique l�un des plus anciens commer�ants install�s au march� �Duba�, ammi Mohamed. Il dira qu��au cours des premi�res ann�es o� les boutiques ont vu le jour ici � Bab-Ezzouar, seuls les habitants du quartier connaissaient les lieux. Depuis, nous avons acquis une renomm�e nationale et m�me internationale. Les week-ends, le rush est impressionnant et durant les p�riodes de vacances ou � l�approche du mois de Ramadhan, des records de vente sont enregistr�s ici�. Selon le vieux commer�ant, les �migr�s sont de plus en plus attir�s par ce lieu o� ils ont un grand choix de produits � des prix particuli�rement bas par rapport aux tarifs affich�s dans leurs pays de r�sidence. �Nous avons m�me vu des familles venir acheter les produits n�cessaires � des mariages traditionnels organis�s en France, en Espagne ou en Italie. Ici, ils ont l�embarras du choix. S�ils ne se d�placent pas, ils d�l�guent des membres de leurs familles, cela leur reviendra certainement moins cher�, explique ammi Mohamed. Un groupe de jeunes filles qui ont tout entendu de la d�claration du commer�ant acquiescent. �Nous sommes venues avec nos parents pour un s�jour dans une station baln�aire, mais nous n�avons pas r�sist� au r�cit de nos cousines et tantes qui viennent r�guli�rement � El- Djorf. Nous avons donc fait un crochet par Bab Ezzouar pour acheter des bricoles, mais nous partons avec un bric-�-brac pas possible, une foule de choses qui sont hors de prix dans le pays ou nous r�sidons. Nous repasserons certainement par l� avant de repartir�, affirme une des jeunes �migr�es qui avoue ne pas r�sister � l�attrait de ces bazars. Les �migr�s, une aubaine pour les commer�ants en �t� �Tous les Alg�rois sont � la plage, il ne nous reste que nos chers �migr�s pour nous rendre visite�, plaisante un commer�ant du bazar qui, en d�pit de ses propos, ne ch�me pas � l�approche du mois de Ramadan. En ce d�but de semaine, il y a foule au march� d�El- Djorf et les commer�ants ont du mal � r�pondre � la demande de centaines de clients. Ils se font toutefois un plaisir � �voquer, sans rechigner, des clients d�un genre bien particulier : les �migr�s. Ils en parlent avec humour en �voquant leur m�connaissance des tarifs. �Ils pensent que les prix sont bas ici, mais ils sont souvent �tonn�s de constater le contraire. Nous aussi, nous avons du rehausser les tarifs. Tout le monde parle de crise financi�re et elle nous a touch�s aussi�, explique ce commer�ant. �En d�pit de la ru�e des week-ends et du mois de Ramadan, nos clients ne sont pas aussi nombreux qu�avant�, souligne pour sa part un restaurateur install� au c�ur du march�. Toutefois en cette saison estivale, les Alg�riens install�s � l��tranger sont des clients particuli�rement bichonn�s. �Ceci d�autant plus que tous les produits les int�ressent�, commente un vendeur de tapis. Pour confirmer ces propos, le marchand se trouvant � c�t� souligne les impacts de la crise �conomique et le ralentissement des activit�s du bazar au cours des derniers mois. Pour appuyer ses propos, il montre le grand parking jouxtant le march� et note que durant les derni�res ann�es il ne d�semplissait pas m�me en �t�, alors qu�il �tait en cette matin�e du mois d�ao�t � moiti� vide. F.-Z. B. LE BAZAR DE DUBA� EN CONSTANTE EXTENSION Une ville dans la ville Des carcasses de villas qui poussent comme des champignons, des parkings en terre battue poussi�reux en �t� et boueux en hiver, des magasins install�s de fa�on anarchique, le march� de Duba� offre une image peu reluisante, en d�pit de son succ�s aupr�s des consommateurs. Ce march� informel, l�un des plus grands du territoire national, ne cesse de s�agrandir. Gris�s par l�engouement des m�nages, les commer�ants ne cessent de faire grimper leurs prix, s�rs de ne pas perdre la fid�lit� des clients. A l�int�rieur, ce march� dispose de plusieurs restaurants et pizzerias, mais � la propret� douteuse pour la plupart. Des taxiphones et autres sup�rettes et vendeurs de friandises prolif�rent aussi dans le bazar aux art�res tentaculaires qui se croisent et s�entrecroisent dans un curieux labyrinthe. De mini-d�charges sauvages prolif�rent �a et l�, et pour att�nuer les rigueurs de la nature en hiver et en �t�, les commer�ants ont install� des b�ches au dessus des magasins et des tables o� est pr�sent�e la marchandise. Les riverains, pour leur part, sont particuli�rement l�s�s par la pr�sence du bazar dans leur quartier aujourd�hui compl�tement d�figur�. Toutefois, ils ont d�, au fil des ann�es, faire contre mauvaise fortune bon c�ur et s�habituer � la pr�sence du march� et aux activit�s qui gravitent autour. Il s�agit notamment des parkings sauvages implant�s jusque devant l�entr�e des immeubles, occasionnant une v�ritable g�ne aux riverains.