ATM Mobilis refuse le soutien de Nedjma sur le sujet et l'accuse de “tenter de créer la polémique et l'amalgame". L'agressivité sur le plan marketing de Mobilis n'a pas manqué de faire du bruit, ces derniers temps, notamment avec la dernière sortie médiatique de son P-DG, en l'occurrence Saâd Daâma. Celui-ci révélait, alors, un investissement de 2 milliards de dollars qui sera consenti par l'entreprise et revendiquait, par la même occasion, le rééquilibrage du marché dominé par Djezzy. Les choses, depuis, ont évolué très vite, précipitées par la réaction de Nedjma qui, par le biais d'un communiqué, a fait part de son ralliement à la position de Mobilis. Pas très futé en effet de la part de l'opérateur qatari de se précipiter ainsi, même si sa vision des choses n'était pas nouvelle en soi. L'on se souvient encore, lors de la conférence de presse animée en novembre 2008, lorsque Joseph Ged se plaignait déjà de la “concurrence déloyale qui caractérise le marché algérien", en précisant que le problème ne se posait pas avec Mobilis. Et de lancer un appel, qui du reste n'a jamais été entendu, à l'adresse de l'ARPT pour réagir à cette situation en opérant des changements et établir des garde-fous pour le respect des lois. “Il existe un abus concernant la position de dominance et des irrégularités au niveau de la tarification, ainsi que la communication", avait alors déclaré le responsable de Wataniya Télécom Algérie-Nedjma. Or, les choses ne sont pas restées en l'état et Djezzy a vécu bien des évènements qui font qu'ils n'ont pas manqué d'avoir un impact sur tout le marché. Doit-on mesurer la dominance par le nombre d'abonnés ? “Certainement pas", affirment les spécialistes qui nous renvoient au droit international. Il est question aussi de CA, de tarification et d'offres promotionnelles et dont les contours sont plutôt difficiles à maîtriser. Dans ce cas, qu'entendait Mobilis par dominance ? Et pourquoi le message de soutien de Nedjma l'a autant courroucé jusqu'à l'accuser de “tenter de créer la polémique et l'amalgame en associant nos préoccupations aux siennes, alors qu'elles ne relèvent pas de la même nature ni du même intérêt" ? La mise au point de Mobilis, émise mardi, est non seulement virulente à l'égard de Nedjma mais révèle aussi et surtout tout le malaise et la cacophonie qui règnent dans le secteur de la téléphonie mobile et qui ne manquent pas d'envenimer les relations au plus haut point et à tous les égards. Mobilis fait bien d'ailleurs de rappeler que “l'évolution de l'opérateur sur le marché, tout comme celle des autres opérateurs, est régie par les lois et règles sur lesquelles veillent différentes instances, telles que l'Autorité de régulation, le conseil de la concurrence, le ministère du Commerce et les pouvoirs publics d'une manière générale". À se demander justement si toutes ces instances ont accompli leurs missions respectives. À l'évidence non, ou alors on n'en serait pas là aujourd'hui encore à “se chamailler" pour ce qui normalement est déjà régi par des lois et perdre son temps tout en s'éloignant des véritables défis tels que le lancement de la 3G. “Un opérateur ne peut se dérober à ses obligations telles que dictées dans le cahier des charges de la licence, en mettant en avant “un rééquilibrage du marché" dont l'idée sous-tendue est de pouvoir accéder aux équipements et installations réseau des autres opérateurs, subterfuge pour ne consentir aucun investissement et se limiter à la génération de profits et de dividendes", insiste Mobilis qui, visiblement, en a gros sur le cœur. Et de poursuivre : “Il est évident qu'aucun opérateur ne peut avoir une réelle assise sur le marché sans consentir de réels et importants investissements sur le plan technique pour desservir tout les abonnés, y compris ceux se trouvant dans des zones à faible rentabilité. Une concurrence loyale doit donc être assurée pour préserver le patrimoine des opérateurs." Sur un ton de plus en plus dur et tranchant, Mobilis persiste et signe : “ATM Mobilis relève que ces déclarations sont à associer à d'autres, faites par des experts autoproclamés, se présentant comme neutres, et qui préconisent des solutions alternatives qui ne tiennent pas compte des intérêts de tous les acteurs du marché. ATM Mobilis se dissocie et se démarque des déclarations faites par cet opérateur, l'expression de nos préoccupations qui sont d'ordre opérationnel, en relation avec les pratiques commerciales et le respect des procédures administratives pour la construction de relais télécom, a été exploitée à des fins stratégiques et purement financières." Du côté de Djezzy, Hamid Grine, directeur de la communication et porte-parole de l'opérateur, préfère s'abstenir de tout commentaire concernant la question. Pour sa part, Wataniya Télécom Algérie refuse de polémiquer et soulignera que “notre position a été exprimée dans notre communiqué. Nous ne sommes pas concernés par les réactions et commentaires suscités. Notre DG fera un point de presse dans les prochaines semaines pour donner plus de détails"