L'évolution des parts de marché de la téléphonie mobile en Algérie est tributaire de l'investissement consenti et de l'amélioration de la qualité de service, a indiqué mercredi à l'APS la présidente de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT), Mme Zohra Derdouri. "Concrètement, l'évolution des parts de marché ne peut se faire qu'à travers l'amélioration des pratiques commerciales, notamment la qualité de service", a déclaré Mme Derdouri qui réagissait à des appels d'opérateurs de la téléphonie mobile à rééquilibrer les parts du marché et empêcher toute dominance. Elle a ajouté que cette évolution n'est possible qu'à travers l'investissement "consenti", une politique de marketing "audacieuse" et une réponse aux attentes du consommateur en termes de prix et de diversité des services offerts. Mme Derdouri a souligné également qu'il fallait "empêcher non pas la dominance qui est caractéristique du marché concurrentiel, mais l'abus de dominance qui est une pratique répréhensible", rappelant que "la détermination du seuil de dominance incombe légalement au régulateur". Le marché de la téléphonie mobile en Algérie est partagé entre trois opérateurs : Djezzy (OTA, privé) qui comptait, en 2011, plus de 16 millions d'abonnés, Mobilis (ATM, public) près de 11 millions d'abonnés et Nedjma (WTA, privé) près de 9 millions. Une polémique s'est installée par médias interposés après l'interview samedi du P-DG de Mobilis à l'APS dans laquelle il avait indiqué que l'objectif de Mobilis en matière de parts de marché pourrait être atteint notamment si l'autorité de régulation intervenait, comme cela se fait de par le monde, pour équilibrer le marché et empêcher la dominance d'un opérateur. Réagissant aux propos du P-DG de Mobilis, l'opérateur Nedjma a sollicité, dans un communiqué, l'adoption par l'ARPT de mesures réglementaires destinées à assurer "le rééquilibrage du marché de la téléphonie mobile", afin de "garantir les conditions d'une concurrence loyale et empêcher tout abus de position dominante". "Aujourd'hui, Nedjma partage avec Mobilis ses déclarations officielles qui soulignent que l'intervention de l'ARPT est un élément-clé de sa stratégie globale dans la mesure où elle est indispensable pour pallier les déséquilibres actuels du marché", a indiqué l'opérateur. Ce qui a poussé Mobilis à se dissocier et se démarquer des déclarations de Nedjma (sans le citer) et qu'il a accusé, dans son site Internet, de tenter de "créer la polémique et l'amalgame en associant nos préoccupations aux siennes, alors qu'elles ne relèvent pas de la même nature, ni du même intérêt". "Il est évident qu'aucun opérateur ne peut avoir une réelle assise sur le marché sans consentir de réels et importants investissements sur le plan technique pour desservir tous les abonnés y compris ceux se trouvant dans des zones à faible rentabilité", a-t-il ajouté, estimant qu'"une concurrence loyale doit donc être assurée pour préserver le patrimoine des opérateurs". Pour Mobilis, "un opérateur, ne peut se dérober à ses obligations telles que dictées dans le cahier des charges de la licence, en mettant en avant +un rééquilibrage du marché+ dont l'idée sous-tendue est de pouvoir accéder aux équipements et installations réseau des autres opérateurs, subterfuge pour ne consentir aucun investissement et se limiter à la génération de profits et de dividendes". Mobilis a relevé que les déclarations de cet opérateur "sont à associer à d'autres, faites par des experts autoproclamés, se présentant comme neutres, et qui préconisent des solutions alternatives qui ne tiennent pas compte des intérêts de tous les acteurs du marché". "L'expression de nos préoccupations qui sont d'ordre opérationnel, en relation avec les pratiques commerciales et le respect des procédures administratives pour la construction de relais télécoms, a été exploitée à des fins stratégiques et purement financières", a-t-il estimé.