Il y avait foule, jeudi soir, à Khaïmetkoum Djezzy (Grand chapiteau, hôtel Hilton). Amazigh Kateb et ses compagnons de la mythique formation -créée au milieu des années 1990- Gnawa Diffusion, qui ont décidé de se retrouver, de reformer le groupe après cinq années d'absence, ont animé un concert exceptionnel (le premier en Algérie depuis leur retour) et inédit (la seule date du groupe durant ce Ramadhan). Ce spectacle a réuni les nostalgiques d'un groupe au son propre à lui qui ont grandi avec sa musique, et les nouveaux fans, tout aussi accro que l'étaient les "anciens" inconditionnels de Gnawa Diffusion. Juste après la rupture du jeûne, les spectateurs ont commencé à affluer sur le lieu du concert. Aux environs de 22h30, la circulation était bloquée à partir de la bretelle de l'avenue de l'ALN menant vers le Hilton, et les voitures accédaient difficilement au site. Plus tard, l'accès sera fermé aux automobilistes, car le parking était plein. À 23 heures, la porte d'entrée au site de Khaïmetkoum était déjà fermée. La vente de billets (dans un seul guichet) a commencé à 21h30 mais la foule a été très mal gérée par les organisateurs, ce qui a créé des bousculades, et certaines personnes ont même perdu connaissance. Deux rottweilers postés à l'entrée faisait réellement peur aux gens, lesquels n'étaient venus que pour assister à un concert, et non se faire malmener par les agents de sécurité zélés et désagréables. À l'intérieur du chapiteau, une véritable marée-humaine entonnait les plus beaux titres de Gnawa Diffusion. Des morceaux qui ont contribué à écrire en lettres d'or le nom d'une formation musicale qui a été l'un des précurseurs dans le domaine de la fusion, tout en vulgarisant la musique Gnaoua. Gnawa Diffusion ont également permis aux jeunes de se reconnaître et se retrouver dans leurs textes coups de poing, interprétés avec brio par leur leader charismatique, Amazigh Kateb. Dans une forme olympique, Amazigh Kateb s'est surpassé dans ses retrouvailles avec le public algérois qui scandait sans cesse : “Echaâb yourid Zetla batel" (le peuple veut la gratuité du shit). Un slogan que les fans ont, semble-t-il, choisi pour afficher leur amour pour le showman Amazigh, qui se débarrassera de son tee-shirt telle une rock-star, pour l'offrir, à la fin du concert, à un chanceux spectateur qui le portera avec fierté. Alternant karkabou et goumbri, la star de la soirée interprétera notamment Algeria, Bab El-Oued Kingston, Douga douga, Sabrina, Ombre-elle, Baba Salem ou encore Welcome. Mâalem Aziz Maysour, autre membre clé de Gnawa Diffusion, se munira de son goumbri, pour revisiter des morceaux puisés dans la tradition des Gnawa, notamment Baba Mimoun et Bala Moussa. Lorsqu'Amazigh annonce le morceau Malika el-moutahadjiba -un nouveau qui figurera sur le nouvel album de Gnawa Diffusion prévu pour le mois d'octobre- c'est toute la salle qui chantera en chœur, comme elle l'a fait d'ailleurs avec tous les morceaux. Par ce concert de près de trois heures, le groupe signe un retour gagnant. La formation a réussi à séduire le public en délire à l'intérieur du chapiteau, mais les nombreux fans qui ont été malmenés par les agents de sécurité en gardent un souvenir flou et plein d'amertume. S K