L'avocat Rachid Ouali, militant du RCD, raconte que ses agresseurs lui ont dit que “les archs seront éradiqués” et lui ont demandé de conseiller le professeur Issad, les avocats Mes Brahimi, Aït Larbi et Khaled Bourayou de “rester tranquilles”. Lorsque Rachid Ouali, avocat de profession et militant du RCD, est sorti mercredi dernier vers 21h30 de l'hôtel El-Aurassi, il ne savait pas ce qui l'attendait sur le parking de la Pêcherie où il avait garé sa voiture. Visiblement atteint par ce qui lui est arrivé, Me Ouali qui s'est présenté hier à notre rédaction raconte des faits d'une extrême gravité. “En montant dans mon véhicule, un individu, sorti de je ne sais où, m'a interpellé par mon nom et mon prénom et m'a intimé l'ordre de descendre de voiture”, souligne l'avocat avant de poursuivre que devant “son refus d'obéir, l'inconnu l'a agrippé par sa chemise et sa cravate et l'a fait sortir de force”. L'agresseur, accompagné de trois autres personnes, a commencé alors à m'invectiver et à m'insulter en lui disant d'un ton menaçant : “Tu ne veux pas rester tranquille !” “Tu oses demander la traduction de sidek (ton maître) devant un tribunal algérien”, lui assène-t-il en guise d'accusation. En fait, les agresseurs font référence à l'intervention de Rachid Ouali lors de la convention nationale organisée par le RCD, son parti, il y a quelques jours de cela à Tipasa, et où il a demandé “la comparution du président devant la justice”. L'individu, qui n'a pas manqué aussi de lui demander les raisons de son déplacement à Tizi-Ouzou dimanche dernier, reproche à la victime d'avoir fait un tour au palais de justice pour rendre visite à ses confrères. À toutes ces questions, la victime répond en disant qu'il est allé tout simplement assister à l'enterrement d'un de ses proches. Et à l'agresseur de rétorquer : “Un Kabyle de moins.” “Tu es allé pour voir les archs”, l'accuse-t-il encore, avant d'ajouter sur un ton sévère : “De toute façon, on va éradiquer vos archs, et Hitler va revenir afin d'exterminer la sale race des Kabyles pour en faire du savon.” Allusion faite aux fameux fours crématoires nazis. Après avoir débité toutes sortes d'insultes, l'agresseur demande à sa victime de dire “au docteur des fous que la politique est trop difficile pour lui, et il ferait mieux de s'occuper des fous que vous êtes”. Il charge aussi Me Ouali de dire au professeur Issad, à Mokrane Aït Larbi, à Me Khaled Bourayou et à Me Brahimi de “rester tranquille sinon, poursuit-il, nous avons les moyens pour les faire allonger”. C'est à ce moment-là, raconte la victime, que son “bourreau” sort une lame et lui déchire sa cravate, lui casse ses lunettes et lui lacère son pantalon en lui disant : “Cette fois on ne te fera rien, mais il faut que tu saches la valeur du pantalon chez les hommes.” Tout au long de cette séquestration, l'agresseur n'a pas cessé de proférer à l'encontre de sa victime des propos orduriers et vulgaires. Rachid Ouali nous a déclaré hier que l'agression dont il a été l'objet “en tant qu'avocat, citoyen et militant du RCD, procède de pratiques barbouzades qui n'entament en rien le combat démocratique”. Ce qui l'a profondément peiné, par ailleurs, ce sont “les propos manifestement racistes et haineux de ses agresseurs”. Me Ouali s'est immédiatement rendu au commissariat de Debbih-Cherif et a déposé plainte contre X pour “insultes et menaces”. S. R.