Si le patrimoine forestier d'Oran est estimé à 41 258 ha, soit un taux de boisement de 20% pour l'ensemble de la wilaya, les agressions et autres dégradations n'ont pas cessé de mettre en danger l'équilibre de cette masse forestière. Le danger est d'autant plus grand qu'une grande partie des forêts est suburbaine et donc particulièrement fréquentée par la population durant la saison estivale. En plus des risques d'incendies dont l'origine est souvent le manque de vigilance de la part des estivants qui font des barbecues traditionnels, il y a aussi la dégradation due au manque de civisme. Un rapide tour au niveau des principales forêts urbaines d'Oran, au nombre de 6, livre une situation peu reluisante, avec, à l'intérieur de ces périmètres forestiers, de véritables îlots de décharges sauvages ou encore des zones “réservées" à des troupeaux de moutons et de chèvres qui dévastent toute la végétation. À titre d'exemple, la conservation des forêts de la wilaya d'Oran a retiré quelque 700 t d'ordures de la forêt de Canastel, longeant le 4e Bd périphérique, en dépit des actions de sensibilisation pour amener les citoyens à respecter l'environnement. C'est dans ce contexte que l'on évoque une fois de plus le décret exécutif n°06-368 du 19 octobre 2006, prévoyant “le régime juridique de l'autorisation d'usage pour les forêts récréatives ainsi que les conditions et les modalités de son octroi". Le conservateur d'Oran nous explique que ce décret prévoit des investissements privés pour l'aménagement de forêts récréatives, et les 6 forêts urbaines d'Oran représentent le type de domaine forestier à même de répondre aux dispositions dudit décret. Les dossiers sont fin prêts et il ne manque que les textes d'application qui ne sauraient tarder. À Oran, ce sont déjà une vingtaine de personnes qui se sont manifestées pour en savoir plus, notamment sur le contenu du cahier des charges. Le décret prévoit, entre autres conditions d'octroi pour des investissements privés dans le cadre des forêts récréatives, les modalités d'exploitation et de contrôle. Cette option d'investissement privé ne ravit pas tout le monde, pour les partisans d'une telle option l'argument est de dire que l'absence de civisme des citoyens cause la perte du patrimoine forestier. Cette solution permettrait d'assurer la protection, la préservation et la régénérescence des arbres. Les opposants craignent en fait que l'administration, chargée de faire respecter le cahier des charges, n'en soit pas capable et de citer à leur tour leur argument fort, celui de la concession des plages qui est devenue une véritable catastrophe avec un cahier des charges bafoué systématiquement. D. L