Les experts de l'Agence de valorisation des produits agricoles (Avpa) ont identifié les carences et contraintes qui s'opposent à l'action de mise en valeur des productions agricoles en Algérie. Ils ont constaté dans un rapport qu'ils ont établi et qui a touché plusieurs wilayas que les différents programmes nationaux de développement de l'agriculture ne sont liés à aucune stratégie nationale précise de valorisation du produit agricole algérien. Or, une telle politique peut servir de levier économique pour le pays. “Des productions qui occupaient jadis une place sur le marché mondial n'ont fait l'objet d'aucune attention, alors que ce sont des produits connus de par leurs références", relève Akli Moussouni, coordinateur de l'Avpa, au cours d'une récente réunion au siège d'Algex. Le constat parle également d'une absence de mécanismes de suivi et d'évaluation des programmes engagés, conjuguée à un manque flagrant d'un réseau de communication. Les complémentarités entre filières, explique le coordinateur de l'agence, ne sont pas mises en exergue, alors que l'action de valorisation des produits agricoles doit se faire à travers une vision d'un développement intégré. M. Moussouni évoque l'immanquable difficulté bureaucratique. Il rappelle ainsi le poids contreproductif de l'environnement économique marqué par une incohérence, une lourdeur des procédures administratives, une faiblesse des méthodes et des outils de programmation. À cela vient s'ajouter, affirme-t-il, “les contraintes du système financier, l'ironie des statistiques, les défaillances de mécanismes de l'interprofession..." Ce sont autant de “goulots d'étranglement" qui rendent caduque, remarque-t-il, toute action de développement. Par ailleurs, “les perspectives que pourra pourvoir l'agriculture biologique ne sont pas prises en charge", avoue encore cet expert. L'exemple le plus édifiant de cette négligence manifestée par les pouvoirs publics n'est autre que celui des dattes, produites notamment dans la localité de Tolga, à Biskra, réputée pour sa variété Deglet Nour. Produits cherchent protection désespérément ! L'on s'interroge d'ailleurs pourquoi cette zone qui jouit de spécificités naturelles extraordinaires ne s'est pas constituée en “destination géographique" pour valoriser et protéger ses productions à l'international ? Conséquence : ce produit, fierté de l'Algérie, continue de faire les beaux jours des pays voisins, tels que la Tunisie qui s'adonne à de fausses publicités et l'exporte vers l'étranger. D'où l'urgence d'une certification et d'une protection de ces produits. Toutefois, rétorque un opérateur de cette région, “il ne peut y avoir de protection ni de certification sans organisation volontaire des acteurs locaux pour améliorer la quantité et la qualité". Cette observation est partagée par Dr Bensemmane, président de la fondation Filaha Innov, qui chapeaute l'Avpa. Il confirme à ce propos : “Effectivement, en maîtrisant les conduites culturales et en insérant des mécanismes de certification, il est possible d'augmenter jusqu'à 1,5 fois les rendements et les valeurs marchandes des productions concernées ! Cette performance a été signalée dans de nombreux pays." Pour sa part, Mohamed Benini, directeur général d'Algex, a cité comme action concrète de valorisation du produit agricole l'exemple d'une démarche qu'il mène personnellement en faveur d'un groupe d'opérateurs, pour la mise en place d'une plateforme logistique de fruits et légumes dans la région de Mostaganem. “Le projet est en cours de réflexion, il sera porté à la connaissance de l'Avpa une fois toutes les conditions requises réunies", a-t-il déclaré. Prenant en charge sérieusement cette lancinante question de valorisation, la fondation Filaha Innov compte organiser en novembre prochain un salon professionnel dédié à l'oléiculture, Oleomed. Le comité de réflexion de la fondation a arrêté les thématiques en fonction des problèmes que rencontre la filière oléicole. Il s'agit, selon Dr Bensemmane, des objectifs économiques, des éléments de choix du système des conduites culturales, l'industrie de transformation, la mise sur le marché de l'huile d'olive, la problématique des résidus et la réadaptation du programme de soutien de l'Etat aux exigences du développement de la filière et appui technique. B. K.